Sylvie
Ungauer

17.11.2022

Démembrement

2016

Démembrement, 2016

tissu, papier, colle, bois, polystyrène dimensions variables

J’ai moulé des morceaux de corps « génériques » à partir de mannequins standards de femmes et d’hommes. Ces objets, en papier collé vont être « habillés » entièrement de tissu pour qu’ils soient proches du morceau de vêtement. J’ai travaillé avec Christine Hascouët, costumière à Quimper. Ces objets sont légers, « portables » comme un vêtement et manipulables. Ils viennent s’empaler sur des bâtons pour devenir des sculptures prêtes à être brandies lors de manifestations. Elles s’apparentent aux objets de grèves et aux objets de déguisements fabriqués sur le lieu de travail pour les fêtes. Mi- emblèmes, mi- déguisements, ils sont présentés sous forme d’installation : « Démembrement » et utilisés pour le film/performance « Je travaille encore à notre nouvelle tenue… ».

Dans le cadre du projet EESAB de recherche « A l’ouest toute !, travailleuses de Bretagne et d’ailleurs » dirigé avec Fabienne Dumont.

Un ouvrage documente ce projet : « A l’ouest toute ! » Edité et produit par Fabienne Dumont et Sylvie Ungauer aux éditions les Presses du réel, 2017

Voir plus sur le site des Presses du réel


Dessins préparatoires

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Démembrement, 2016 

Dessins pour le projet de performance

Si l’on imagine un scénario d’un “futur dystopique”, un avenir dans lequel “nous vivons déjà” le travail est atteint, le travail est modifié, diminué sous le contrôle de l’argent, de la dictature de la logique. Des emplois sont déplacés, des métiers sont supprimés. Dans le domaine de la confection, la disparition de la fabrication des vêtements provoque la disparition du corps social qu’il englobait, ou plutôt, la conscience du corps qu’il recouvrait entrainant son démembrement, sa dislocation.

Voici le postulat de départ d’un travail artistique ancré dans une situation réelle d’aujourd’hui, observée à partir d’une enquête auprès l’Atelier du Maître Tailleur de l’arsenal de Brest qui fabriquait les vêtements pour la Marine Nationale. Aujourd’hui fermé, cet atelier était le territoire du tailleur, de la couturière, de l’habillement, de la culture du corps. Tenues, vareuses, cols, pantalons, chemises, spencers, shorts, manches, boutonnières, épaulettes, galons, bonnets, serge, toile de jean… et d’autres, sont façonnés dorénavant dans des pays lointains tout autour du monde. L’uniforme du marin est alors une recomposition de fragments de corps étrangers.

La fragmentation et la recomposition est le processus au travail où le corps, le jeu et le travestissement prennent forme.