Pierre
Galopin

20.09.2024

Les époux Arnolfini

Oeuvre réalisée à l'occasion de l'exposition Itinéraires du hasard à l'atelier Manivelle. Commissariat association Parallaxes
Les époux Arnolfini, 2018
Armoires bretonnes accrochées au mur, dimensions 250 x 350 cm
Photo : Robin Garnier Wenish
© Pierre Galopin / ADAGP, Paris

Les époux Arnolfini, sont deux armoires bretonnes accrochées au mur, à hauteur des yeux. Véritable portrait de couple, l’absence du tableau ne dénature pas le propos : il existe, dans ce qui est à voir des qualités artistiques et artisanales qui demeurent dans cette référence à Van Eyck et à son tableau éponyme. Si l’austérité et la rigueur de l’époux se retrouve dans l’armoire de gauche, la coquetterie et la gestation de l’épouse se retrouve dans l’armoire de droite. Le miroir lui, qui représente dans cette peinture du primitif flamand le témoin de la scène, fait directement office de reflet du témoin de l’oeuvre: nous, le spectateur et l’artiste : moi. 

Si l’oeuvre agit comme un palimpseste d’une oeuvre antérieure, elle témoigne aussi de l’effacement discret mais bien réel d’une partie du patrimoine français (ou du moins breton). Les armoires, témoins de richesses et d’accomplissement, censées durer plusieurs générations, sont une matière première destinée à l’oubli et à la destruction. Devenues sans valeur dans un monde qui, simplifiant les codes de l’objet, n’accepte plus que les portes standardisées. Il n’est pas rare dans les campagnes de voir des feux de mobilier, effaçant sans retour le travail et l’histoire de l’objet. Il est donc question d’hommage ici, et de respect, pour un travail qui méritait peut-être simplement d’être accroché à 40 cm du sol pour retrouver sa place.

Pierre Galopin