Pascal
Rivet

24.01.2023

Chantier permanent

Christine Lapostolle
Publication dans l'édition Rase Campagne

“La terre est plenteïve et li homme manant, la sont li bon villain et li bon païssant”
WACE, Roman de Rou

Le chant du coq éclate derrière la tôle du hangar-atelier. Irruption. En plein après-midi. Tout contre la paroi métallique qui offre une caisse de résonnance à la voix tonitruante. Chant ou cri ? Pascal voudrait enregistrer ce coq. Comment rendre l’effet d’une telle gueulante ? C’est la campagne. C’est la ferme. C’est un hangar agricole qui faisait partie d’une ferme qui aujourd’hui n’est plus exploitée, une ancienne crèche à veaux.

On ouvre en grand la porte sur rail pour avoir de la lumière. On peut aussi entrer par le côté, près du poulailler. C’est une immense carcasse, entourée d’autres hangars, des silos, des bâtiments de ferme. Sur une butte: Quinquis huella : Plessis du haut.

Une odeur entêtante de coaltar. — Ce n’est pas interdit ça comme produit ? Pascal vient d’en badigeonner ses tronçonneuses qui vous font face d’un noir agressif, comme des objets de guerre. “Noir protecteur”, c’est le nom de ce goudron gluant dans le commerce aujourd’hui.

La bagnole — on la connaît tous, une grosse américaine, une Lincoln Continental, celle qui joue dans Crash de Cronenberg — trône au milieu de la nef comme une reine. Immense, un peu plus petite que la voiture réelle mais qui a déjà vu la vraie en vrai ? Avec son assistant Pascal l’a restaurée après qu’elle avait croupi en pièces détachées dans une réserve humide. Il manquait quelque chose. Pascal a eu envie de la peindre. Il a hésité. Maintenant elle rutile de tout son bois — carrosserie noire, intérieur rouge. Et les chromes couleur crème. On caresse. Défilement d’images de films américains dans un coin du cerveau ça balance entre polar et fête foraine. Le soir quand il quitte l’atelier Pascal lui met une bâche sur les épaules comme autrefois les chauffeurs qui dorlotaient un véhicule réservé aux sorties du dimanche. Où la placer dans l’exposition ? Dans le creux, tout de suite à l’entrée ? Mais alors on ne la ver- ra que de haut et on n’aura pas le plaisir de la longer, d’effleurer ses arêtes comme si on allait s’y installer. Ou bien au mi- lieu du reste ? Comme l’amorce d’un roman policier ?

Deux tracteurs en bois brut sur les côtés, frères survivants de celui qui fut sacrifié aux feux de la Saint-Jean en 2015 (il reste une vidéo et des reliques, boulons, bois calcinés vendus dans des petites boîtes pour 30 euros le lendemain de la fête). Des planches appuyées aux tôles, la moissonneuse-batteuse, Dominator, en pièces détachées, un immense tas de bois de chauffe. Il y a des martinets qui vont et viennent là-haut. Un vieux siège de voiture aménagé en fauteuil. Une machine à café. Une tasse qui traîne avec des biscuits. Antre, bazar, garage, vaisseau.

Au sol, le grand portrait sur fibrociment d’un duo de concurrents au concours du plus beau sillon est protégé des chiures d’oiseaux par du plastique à bulle.

– Je pensais à une chose, Christine je prépare un petit bouquin sur le travail des broderies…
Nous en sommes pour l’instant au stade de la réflexion mais la pièce Ici les paysans avancent… pourrait être la colonne vertébrale du projet avec d’autres pièces plus autonomes mais aussi les autres séries en cours… Serais-tu intéressée, à m’écrire quelque chose ?
Ça me plairait bien…
L’angle d’attaque est “free” et assez large mais il y a peut-être un truc à faire sur notre “collaboration”, la brodeuse et moi ?

– C’est gentil de penser à moi, Pascal.
En règle générale je ne suis pas un bon numéro pour les textes de commande : soit je n’y arrive pas,
soit je rends quelque chose à côté de la plaque — donc j’évite.
Mais c’est vrai que ton histoire de brodeuse, depuis la première fois que tu m’en as parlé m’intrigue

— je brode dans mon imagination, je vois une espèce de dentellière de Vermeer avec une touche de Bruno Dumont. Si les délais ne sont pas trop courts, je veux bien essayer. Comment fait-on ? On en parle autour d’un café ?

Une Brodeuse de Ligny-en-Cambrésis, au sud du département du Nord, n’a jamais rencontré Pascal Rivet, artiste plasticien de Brest qui lui a passé des commandes pendant quatre ans. N’a jamais vu alignées les trente broderies d’accidents de tracteurs qui forment la pièce Ici les paysans avancent… qu’elle a réalisée au point de croix au rythme d’une image par mois. Une Brodeuse qui à cette heure-ci est sans doute en train de préparer le déjeuner pour ses trois enfants et son mari s’il rentre à midi, ne sait pas que quelqu’un est en train d’essayer de faire d’elle un personnage. Peut-être qu’elle s’en fiche, ou que ça lui plairait. Peut-être que chez elle la télévision est allumée sur une série qu’elle ne veut pas manquer. Peut-être qu’elle n’a pas mis la télé en marche et qu’elle préfère en préparant le déjeuner entendre le babil des enfants, les triplés, ils sont pe- tits, ils ne vont pas encore à l’école, et les oiseaux par la fe- nêtre ouverte. On ne sait pas. Il y a beaucoup de choses que l’on ne saura pas d’une Brodeuse qui a prêté sa main à l’artiste Pascal Rivet pour troubler l’univers du canevas avec des images de tracteurs, des ciels nuageux, des portraits floutés de concurrents aux concours de labour, des têtes de cochons, des nœuds de bûches (du bois avec du fil…) des portraits de cy- clistes, des enseignes de Super U (Super U c’est les provisions pour la semaine et les rencontres dans les rayons entre voisins ou gens de la même famille Ça remplace le cœur du village, la sortie de la messe ou le bistrot du coin), des bouquets d’enseignes à l’entrée des agglomérations (Les panneaux un peu partout sur les talus, nets à l’arrêt ou à pied ou plutôt flous en vélos et carrément abstraits en voiture ). C’est une collaboration, l’art en a vu d’autres. Une Brodeuse, pour arrondir ses fins de mois, avait déposé sur Internet une annonce proposant de réaliser “les portraits de vos enfants”. C’est sur cette annonce-là que Pascal Rivet, artiste plasticien, est tombé.

Ici les paysans avancent… Trente images d’accidents de trac- teurs, brodés sur des formats de 17×24. Récoltées par l’artiste sur un blog de lycéens en formation agricole qui collectionnent les crashes de tracteurs. Drôle de marotte. C’est fun, ça trompe l’ennui. Attendre au virage l’engin dont l’ac- quisition vous mettra un jour le fil de l’endettement à la patte. Soit : un tracteur verse dans le fossé, s’embourbe, l’événement est photographié dans un journal local, des gamins à la chasse aux images ajoutent le cliché à leur collection, un artiste plasticien, celui qui réalise des tracteurs en bois grandeur nature, vous connaissez ?, tombe via internet sur ces photos d’accidents, s’en empare, les retravaille, les confie à une Brodeuse pour qu’elle les reproduise au point de croix.

“Ici les paysans avancent”, c’est une phrase que j’entendais dire à mon voisin quand j’habitais Plouzané. Son fils faisait la grasse matinée le dimanche, ça l’agaçait. Plusieurs fois je l’ai entendu lui crier : ici les paysans avancent.

À Plouzané, les tracteurs passaient quatre fois par jour devant la maison.

Le défilé des tracteurs.

L’événement estival de la moissonneuse-batteuse qui va de ferme en ferme.
Le jour où patrons et employés de l’Entreprise de travaux agricoles viennent contempler la moissonneuse transfigurée en œuvre d’art à l’atelier. Minute de silence. Écarquillement des yeux. Ça alors ! Oui, ça leur plaît. On ne sait pas à quoi ça sert mais c’est du bel ouvrage. L’artiste les prend en photos à côté de sa sculpture, ils font à leur tour une photo pour accrocher dans leurs bureaux.

Les voisins aussi viennent voir, se passent le mot, débarquent goguenards avec une bonne bouteille ou en famille après le repas du dimanche pour voir l’engin sculpté. Ça va sûrement donner d’autres idées à l’artiste.

Pyrogravure, le bras armé cette fois est Brice, un tatoueur passé par les Beaux-Arts, qui reprend avec Pascal des images de paysages agricoles ou de candidats au concours de sillon. En grand. En très grand, en couleurs, ça donne un air ancien auquel les motifs ne permettent pas de croire tout à fait…

Les Laboureurs : Souriants. Inconnus. L’un au volant du tracteur, l’autre mesurant la profondeur du sillon. Qui doit être le plus droit, le plus précis possible. Un couple, un frère et une sœur, deux qui travaillent ensemble, habitués à joindre leurs efforts et qui posent côte à côte le jour du concours.

Une des photographies a été transposée à la craie noire sur fibrociment. Matière dure et fragile. Grisaille.Gisants grandeur nature. Arnolfini champêtres. Un garçon et une fille à lunettes. On dirait presque des sportifs : joggings, dossards avec un numéro. Ils portent aussi une casquette qui les rend un peu américains. Est-ce qu’ils pourraient être fâchés de se voir exposés dans un temple de l’art contemporain ? Est-ce qu’il faut les retrouver pour leur demander l’autorisation ? Une fois, pour un autre concours, la marque qui sponsorisait avait fourni de grands chapeaux et les concurrents avaient l air de Texans.

Vieux souvenir de tronçonnage familial. L’hiver sur les talus de la ferme des cousins. Ambiance bivouac, tantôt plein ciel, tantôt sous-bois, chantier ouvert, outil puissant. C’était sans doute assez imprudent de confier un engin pareil à un gamin (traces de points de suture au genou) mais je ne me débrouillais pas si mal.

En fait ce que Pascal aimerait c’est déplacer l’atelier dans l’exposition. Pas à l’identique. Pas complètement à l’identique. Ou peut-être que si, il ne sait pas encore. Pas repeindre les murs, ni changer la structure du Centre d’art, qui doit rester un centre d’art accueillant une exposition. Mais y déplacer les sculptures dans leur gangue, avec la chaise sur laquelle je fais mes poses, le paquet de biscuits, le bidon renversé, le vieux coussin. La tasse à café qui traîne. Le coq qui s’égosille… On parle alors des reconstitutions d’atelier de Fischli & Weiss réalisées au moyen de sculptures en polyuréthane imitant leurs modèles à la perfection (Der Tisch). Mais ce que vise Pascal n’est pas le trompe-l’œil — désir plutôt que le simulacre soit débordé par ce qu’il imite, trouver la zone où les images et le monde à quoi elles renvoient s’entrechoquent…

Pourquoi le point de croix ? À cause des pixels. Une fois, la Brodeuse a été en photo dans La Voix du Nord avec ses triplés. La Brodeuse est précise et solidaire de l’exigence de son client. Elle envoie une simulation par internet avant de démarrer le travail, et l’artiste regarde si les couleurs lui vont (oui en effet, c’est trop gris. Pouvez-vous me refaire une évaluation de celle-ci ? Je l’ai un peu modifiée… Merci, oui c’est mieux. Je voudrais la comparer à celle-ci. Pouvez-vous me faire l’évaluation aussi ?). Quand l’ouvrage est fini on recourt à la voie postale, l’artiste reçoit un petit paquet bien emballé et la Brodeuse un chèque. Elle ne pose pas de question sur le choix des sujets. Ni sur l’usage qui sera fait de ses broderies. Elle refuse d’accélérer la cadence quand l’artiste le lui suggère, elle refuse aussi de laisser une broderie inachevée comme il lui a été une fois demandé.

Sur la photo que la Brodeuse envoie quand le travail est à mi-chemin, on entrevoit un bout de table, un napperon, une manche de sweat, ses mains. Jamais plus.

À quelles rêveries l’activité de la broderie est-elle propice ? La Brodeuse espère-t-elle que de ce chapelet de commandes va découler quelque chose à quoi elle ne s’attend pas ? Est-ce qu’elle se dit qu’un jour elle ira voir l’artiste, son travail à lui ? Ou bien elle préfère ne pas mettre son nez dans les affaires des autres ? Est-ce que Google lui a fourni tous les renseignements qu’elle voulait ? Ce travail pour l’artiste, la petite note de fantaisie dans une vie parfaitement réglée ?

De ce que pense la Brodeuse du travail de son commanditaire, et du travail artistique en général on ne saura rien, ce n’est pas la peine d’insister.

Pas plus qu’on ne sut à l’époque de Vermeer ce que pensait la Dentellière. L’image peinte par Vermeer au XVIIe siècle, la travailleuse modèle, cette jeune femme absorbée dans son ouvrage, tout le monde y compris la Brodeuse, la connaît aujourd’hui, elle existe en assiettes, en porte-clés, en stickers, en modèles de canevas. Voguant sur le fleuve des images artistiques, les deux dames se croisent ici.

1991.Je suis jeune. C’est une des premières fois où je viens dans la ville de Quimper. J’entre dans le nouveau centre d’art qui s’appelle le Quartier. On y présente une exposition d’artistes frais émoulus des écoles d’art de la région. L’un, sculpteur, a customisé, non plutôt il a refait en bois de charpente, des meubles bretons, des buffets, des armoires, des grosses pièces. Il a repris le principe hyper décoré du mobilier régional, des scènes avec des personnages à chapeaux et à coiffes qui dansent, des hermines découpées sauvagement. Le mariage du Pop art avec le folklore breton.

J’étais basé à Pouldreuzic (pays du pâté Hénaff et du Cheval d’orgueil) dans une ancienne menuiserie, intéressé par la presse locale, les récits et légendes populaires, les dictons, la place du sport et notamment du cyclisme, le vernaculaire. Je me servais beaucoup de cartes postales, de guides touristiques, de petites annales locales. La pièce proposée au Quartier était un ensemble de pseudo “meubles” qui ne se voulaient pas très sérieux qui posaient un regard critique à la fois sur le traditionnel (facture simpliste et bricolée) mais aussi sur la modernité…

Tracteur, du latin trahere, tirer, tracter, tirer avec soi, traîner, entraîner. Qui donne aussi traire, — comme le cheval de trait et comme la traite des vaches, et les traites qu’on a à payer. Et le trajet qu’on fait d’une traite, le trait qu’on trace en dessinant ou en pyrogravant — tout ça dans le sillage du tracteur.

On entend dans le “ct” l’effort qu’il faut faire pour tracter, le geste de la brodeuse tirant sur son fil.

Tu as toujours été à l’aise avec le bois : c’est rapide d’exécution et facile pour la mise en œuvre. Des photos, quelques cotes. Bien s’imprégner de l’objet. Puis, scie sauteuse. Morceau par morceau. Le 1er tracteur — 1999 — c’est un été de travail, une saison. C’est fait à vue, rien n’est rationalisé. C’est pour ça qu’après, quand il s’agit de démonter et remon- ter les engins ce n’est pas simple !

Tu envisages de tracer au fond de l’expo, à la mine de plomb, dans l’acrylique fraîche des murs repeints pour la circonstance, les contours, le spectre d’une maison néo bretonne des années 60. C’était un objectif à l’époque : se faire construire une maison neuve — confort, douche, congélateur, machine à laver…— Mais souvent on restait vivre dans la gadoue de la vieille ferme parce que c’était plus pratique. La maison irait aux enfants.

Bonjour,
j’aurai fini la broderie cette semaine je vous l’envoie samedi. Voici l’évaluation du tracteur, cela vous convient ? Bonne journée.

Bonjour Mme G
Voici comme promis la photo du cochon
Merci d’avance
Bonne fête de Noël

Bonjour,
Voici photo du SUPER U fini

Bonjour madame G,
J’ai bien reçu l’ouvrage ce matin.
Il me plaît bcp Merci.
PS : Pouvez-vous réaliser le tracteur en 1 mois ?

Bonjour,
je voudrais savoir si vous avez choisi un nouvel ouvrage ?
Bonne journée

OUI, OUI.
Je vous prépare un nouvel ouvrage la semaine prochaine.
Bonne journée

Et puis un jour (le 4 novembre 2015) :

Bonsoir,
malheureusement je n’ai pas pu commencer le nouvel ouvrage. J’ai retrouvé du travail et je ne vais plus pouvoir broder. Je vous renvoie votre chèque.
Je suis sincèrement désolée.
Bonne soirée.

Les choses en sont restées là.

Construire en bois, à l’échelle 1, des doubles de véhicules qui arborent la condition d’outils de travail (il n’y a pas que les tracteurs, il y a eu les mobylettes Fox, le fourgon Brink’s, la camionnette Darty). Poser ces objets dans le paysage, là où leurs modèles et ceux qui s’en servent sont susceptibles de les croiser :

– Tiens qu’est-ce que c’est que ça ?

Pourquoi refaire à l’identique ou presque à l’identique, l’image d’une chose qui, alors que la chose elle-même a une fonction utile, ne servira à rien ? Pourquoi ce besoin de continuer à emplir notre monde déjà si plein de simulacres en tous genres ? Pourquoi goûtons-nous le trouble de l’imitation ? Quel besoin ?

L’artiste — oui, c’est un métier, si on veut — consacre ses efforts et son temps à donner forme à ce qui lui passe par la tête. Il n’ensemence pas les sillons, il n’engraisse pas la terre, ce n’est pas lui qui nourrit les populations, il fait germer des sensations, des idées. Un dessin sur un bout de papier, un dé- but d’objet, un savoir-faire qu’on possède ou qu’on va chercher en vue d’une réalisation que d’aucuns apprécieront d’un œil de connaisseur.

C’était le mari de mon institutrice qui s’occupait du remembrement. Ils étaient arrivés dans la commune pour ça. Faire sauter les haies. Agrandir les parcelles pour que les tracteurs circulent mieux. Rerépartir. Ma mère disait, je ne trouve pas ça beau ces champs immenses tout lisses, c’est comme si on leur avait rasé le crâne. Mais on ne lui demandait pas son avis. C’était l’avenir. Changer, avancer, moderniser, l’agriculteur chef d’entreprise, acteur majeur d’un grand programme d’utilité générale. On est quelques décennies après-guerre. Tout change. Les paysans ont encore les mains calleuses avec de la terre sous les ongles et des taches de tabac sur les doigts, ils habitent dans des fermes au sol en terre battue. Tout cela doit finir. Qui le regretterait ?

“Ze m’appelle Petula et ze suis une des 100 vaches de la Voix lactée, de Pascal Rivet. En blanc sur noir, en blanc sur brun, clair ou foncé, suivant nos races et nos pelages, nos noms s’alignent peints par des mains artistes. Un expert du nom d’On Kawara aurait scientifiquement prouvé que nous sommes plus productives si on nous individualise par un prénom, si quelqu’un prononce de temps en temps notre petit nom. Petula, Baronne, Frosty, Darling, Illusion, Jonquille, Muguette.”

À la nuit, quand les portes de l’atelier ont coulissé, quand l’artiste est rentré chez lui, qui revient ? Qui habite ? Quelles ombres ? Avant de partir, il a protégé ses objets avec des bâches qui les rendent fantomatiques mais rien ne protège de l’ancien monde qui hante, celui que le coq s’époumone à réveiller.

Parfois je vois dans mes rêves un tracteur fou qui roule à toute vitesse à travers champs, écrasant tout sur son passage, sans conducteur.

L’ankou au volant d’un tracteur.

Aujourd’hui pour faire un monument tu fais comment ? Si tu veux faire une ode, tu fais quoi ?