Nicolas
Floc'h

01.12.2021

Structures Productives

Exposition à la Galerie des Ponchettes, Commissariat DEL'ART, Nice, 2014

Structures Productives, 2013-2014
8 récifs artificiels au 1/10ème
Béton, valchromat
Edition 1/3
oeuvres produites par DEL’ART, Nice, avec le concours du Conseil régional PACA et Collection Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur

Structures Productives, 2014
Récifs artificiels du Prado, -24m, Marseille,
Avec le concours de la ville de Marseille

Structures Productives, 2014
récif artificiel P2A, -7m, Cagnes-sur-Mer,
Impression pigmentaire contrecollée sur Dibond,
80 x 100 cm,
Œuvre produite par DEL’ART, Nice, avec le concours du Conseil régional PACA

Récif Radieux, 2014
Béton, fil nylon, perles
80 x 203 x 33 cm

Vues de l’exposition «Nicolas Floc’h, Structures productives», 2014,
Galerie des Ponchettes, Commissariat DEL’ART, Nice,
© Photographies Nicolas Floc’h

Pour Nicolas Floc’h, l’art est le moyen d’investir la réalité de notre monde pour en proposer de nouvelles approches. Utilisant la photographie, la vidéo, la sculpture, l’installation ou la performance, il développe une oeuvre prospective, marquée par un intérêt pour les systèmes liés à l’économie, ses circuits de production, de distribution et de consommation de ressources ou de biens matériels. Dans une dynamique de projet, il agit dans des domaines hétérogènes tels que la danse, le design, l’industrie, l’agriculture ou la pêche sans oublier l’art et son histoire.

STRUCTURES PRODUCTIVES

En 2010, il retourne en mer, un milieu qui lui est familier, pour entreprendre un projet à long terme : celui d’étudier et d’inventorier les récifs artificiels qui prolifèrent aujourd’hui à grande échelle dans les fonds marins. Souvent construits en béton à partir de formes géométriques modulaires, ce sont des structures dites « productives ».
Immergées en mer, elles développent les ressources aquatiques vivantes. En peu de temps, la faune et la flore colonisent ces constructions, amas chaotiques complexes ou architectures ambitieuses qui peuvent devenir de véritables villes soumises à des plans d’aménagement.

DES OEUVRES DOCUMENTAIRES
A la Galerie des Ponchettes, un ensemble d’oeuvres témoigne des recherches qui ont mené l’artiste au Japon, au Portugal, en France à Marseille et tout récemment à Nice. Là, il a exploré en plongée les sites de Golfe-Juan et de Roquebrune - Cap Martin.Ces oeuvres ont toutes une fonction documentaire. Les photographies et les vidéos donnent une visibilité à des pans de la réalité invisibles ou très difficiles à voir - les sites n’étant accessibles qu’aux scientifiques. En outre, ces images révèlent la qualité d’oeuvre de ces récifs aux formes rigoureusement minimalistes. Retravaillés par les plantes et habités par les poissons, elles subissent une étrange métamorphose en devenant les sculptures et les architectures vivantes d’un monde baroque puissamment onirique. Quant aux maquettes des récifs, construites au 1/10ème, elles assument une double fonction. Dans l’espace d’exposition, ce sont avant tout des sculptures mais aussi des documents en trois dimensions qui permettent d’appréhender la totalité des structures telles que les ingénieurs les ont conçues avant les phases d’immersion et de colonisation.

UN PROJET POUR LE SITE DE ROQUEBRUNE
A l’occasion de son séjour à Nice, Nicolas Floc’h a conçu un projet pour le site de Roquebrune où se trouvent la tombe de Le Corbusier et l’une de ses constructions, modeste et ingénieuse, le Cabanon. En hommage au célèbre pionnier de l’architecture moderne, l’artiste envisage d’implanter en mer une structure productive inédite dont la forme serait celle du plan en élévation de la Cité radieuse. À une base en béton ou en acier seraient arrimés des cordages qui, lestés de flotteurs, s’étendraient pour matérialiser les arêtes des principaux volumes de ce bâtiment : un parallélépipède sur pilotis.
C’est à la fois une oeuvre qui relève de l’architecture filaire dont l’artiste a déjà fait l’expérience1 et une structure productive qui propose aux poissons une véritable “unité d’habitation” d’une trentaine de mètres de long. Des visites en plongée du site seraient organisées pour découvrir l’oeuvre et en suivre l’évolution.
Une maquette de ce projet (150 x 250 x 300 cm) est présente dans l’exposition.

PEINTURES RECYCLÉES (2014)
À l’évidence ces oeuvres affichent une certaine mobilité. Elles peuvent avoir une fonctionnalité, en totale contradiction avec la définition courante de l’art, être soumises à des reconversions, à des changements d’état ou de statut.
Les Peintures recyclées n’échappent à ces principes. Nicolas Floc’h relance à Nice cette série de travaux entreprise en 2000 en récupérant, auprès d’artistes niçois ou ayant un lien avec Nice, des toiles qu’ils ne souhaitent pas montrer. Puis il en dissout la couche picturale pour en faire une pâte. La peinture ensuite remise en tube au nom de l’artiste est ainsi recyclée et de nouveau utilisable. Force est de le constater, la plupart des oeuvres de Nicolas Floc’h obéissent à des scénarios qui remettent en jeu les processus d’une économie de l’art. Elles fonctionnent comme des systèmes inventés pour ouvrir de nouvelles perspectives dans le monde vivant comme dans celui de l’art.

Dominique Abensour

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Nicolas Floc’h © Adagp, Paris, 2022

  1. En 2008, il s’empare de la Tour Eiffel pour en faire un filet de pêche réalisé à l’échelle 1. Transformée en engin de pêche, une forme molle qui étendra toute son envergure dans l’Atlantique pour pêcher, la Tour Eiffel perd toute sa prestance et sa position dominante. Après la pêche, le poisson sera vendu et consommé et le filet sera ramassé en un cube imposant accompagné d’un diaporama documentaire. Intitulée la Tour pélagique, cette oeuvre est dans les collections du Frac Bretagne.