TERRES BRÛLÉES
Ce projet a été réalisé avec le soutien du centre d’art Est-Nord-Est (Québec) en 2022, et de la Région Bretagne en 2023, dans le cadre de la bourse Contre vents et marées en partenariat avec l’Artothèque d’Hennebont.
La série Terres brûlées prend pour point de départ des images de sols forestiers réalisées dans la région de Chaudière-Appalaches, au Québec. Observés à un mètre du sol, ces fragments de paysage sont transposés en pyrogravure, une technique qui consiste à brûler le bois pour y inscrire une trace. Inspirés des logiques de la cartographie numérique, les tracés sont ici reproduits manuellement, point par point, dans un geste lent et précis.
Ces images gravées évoquent les transformations du sol et les usages contrastés des territoires. En Amérique du Nord, le feu a longtemps été utilisé par des communautés comme un outil de gestion et de fertilisation des sols, favorisant le renouvellement des écosystèmes. Le brûlage dirigé mobilise le feu de façon maîtrisée pour enrichir les sols ou prévenir les incendies en réduisant la charge végétale. Ces savoirs s’opposent à d’autres logiques extractives, incarnées notamment par des pratiques comme le mountain top removal, encore utilisée en Virginie-Occidentale, à l’extrémité sud des Appalaches. Cette méthode d’extraction minière consiste à faire exploser les sommets des montagnes pour accéder aux veines de charbon, laissant derrière elle des sols stériles et des paysages profondément altérés, vidés de leur mémoire géologique.
Terres brûlées propose une forme d’archivage de fragments de sol. La technique de la pyrogravure, induit une double lecture de l’image : à distance, elle offre une restitution quasi photographique, fidèle dans sa composition ; à mesure que l’on s’en approche, l’image se décompose en une trame plus abstraite, faite de points, de rythmes graphiques et de formes, révélant alors la technique du brûlage et la trace inscrite dans le bois.



Terres brûlées, 2025
240 x 60 cm
Photos : Nicolas Desverronnières


Vue de l’exposition collective Entre chien et loup – avec les œuvres d’Ingrid Lyons, Lucie Rocher et Jonathan ‘radbwa faroush’ Mayers, Centre d’art Diagonale, Montréal, 2025
Photo : Lucie Rocher

Collection Artothèque/galerie Pierre Tal Coat, Hennebont


Collection Artothèque d’Angers



Photos : Nicolas Desverronnières