En réalisant les empreintes du projet Woodpeacking, j’ai remarqué et collecté l’ensemble des petits copeaux au pied de chaque arbre. Chaque fragment est issu d’un « geste sculptural » de l’oiseau, un coup de bec pour arracher la fibre du bois. Ils sont le plein de la cavité dispersée en fragment, le résidu du temps passé à la construction de ces cavités, une matière-temps du travail du woodpeacker (pic-bois en québécois) repositionnée dans l’espace d’exposition en archéologie du courage des oiseaux.

De petites branches de sapin Baumier écorcées sont utilisées comme outils météorologiques appelés « baromètre amérindien » au Québec. 

Elles réagissent au temps qu’il fait et prennent une oscillation, amplitude plus ou moins importante en fonction de l’hygrométrie dans l’air. 

Recherche initiée à Est-Nord-Est Résidences d’Artistes à Saint-Jean Port Joli, je fais des relevés quotidiens dans un lieu, projette à l’équerre la position de la pointe de chaque branche sur le support par le dessin. Les mesures quotidiennes rassemblées dans une courbe de temps deviennent ensuite les partitions contemporaines interprétées par les musiciens.

Le projet est une invitation à repenser notre rapport à l’observation, à l’interprétation météorologique considérée dans une poésie du quotidien rendue sensible musicalement. C’est aussi reconstruire notre appréhension du lien de survivance qu’entretiennent les arbres en équilibre avec leurs milieux et le cycle de l’eau qui se précarise. Même à considérer que la météo n’est pas le climat, elle en porte les signes désormais bien visibles que nous observons notamment par la migration d’espèces végétales et la mort d’arbre sur pied dues notamment au stress hydrique et sécheresses précoces.