Jonas
Delhaye

06.11.2023

Ciel de Fibonacci

2018
Papier argentique noir et blanc, 1,2 x 6 m, filtre rouge inactinique
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d’une résidence exposition au Collège des Bernardins à Paris durant l’exposition DEVENIR

Photo : Sophie Monjaret

Durant la résidence, l’exposition est ouverte et en mutation constante au fil de l’avancée de notre travail.

Le premier geste a été pour moi de recouvrir les fenêtres de la sacristie du Collège des Bernardins par des filtres colorés. Ce filtre rouge invoque le vitrail et plonge l’ensemble de l’espace dans une lumière inactinique. La sacristie devient alors un espace de travail photographique et un coffre de protection pour le papier argentique.

Je souhaitais penser la photographie comme une relique, éphémère, protégée. La hauteur de la sacristie est comme un lien de la terre et du ciel. J’ai alors envisagé un photogramme insolé à la lumière du Soleil, qui soit l’évocation d’un ciel.

Après la construction d’un dispositif monumental (inspiré d’un châssis pour les plans films des anciennes chambres photographiques) pour fabriquer le ciel, j’ai sorti le réceptacle contenant cette «relique» sur l’esplanade aux rayons du soleil La création du ciel est en fait une succession de temps de pose sur le papier photographique. Non révélé. C’est comme un papier PH arrêté dans son processus.

J’ai utilisé pour les différents temps de pose la suite mathématique de Fibonacci. Ses unités ont été transposées en secondes, d’une seule seconde jusqu’à plus de 3h. Installée sur le mur faisant face aux vitraux, l’œuvre photographique se déploie à la verticale sur 6 mètres de hauteur, cotoyant le sol et la voute de la sacristie.

En enlevant les filtres inactiniques à la fin de l’exposition, l’image éphémère a disparu peu à peu, engloutissant finalement l’ensemble du dégradé dans un monochrome.

Une édition est en cours de réalisation avec les différents ciels issus de suites mathématiques (Le ciel exagonnal centré, Le ciel d’Euler, Le ciel Catalan…)

Exposition //DEVENIR// : Présent 1, 2018
Interview de l’artiste à partir de la 5è minute
Réalisation : Collège des Bernardins

Grisaille

Verre, collodion humide, verre dépoli, led, brique réfractaire, 100 x 120 cm
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d’une résidence au Collège des Bernardins durant l’exposition Devenir

Grisaille s’inspire du vitrail.
La grisaille est le nom donné à la technique utilisée pour réaliser la coloration des vitraux Cisterciens, verrière de formes initialement géométriques en camaïeu de gris en nuances légères.

Pour obtenir la grisaille à l’époque, les vitrailliste utilisaient des oxydes, notamment le nitrate d’argent qui apposé sur le verre et mis au four colorait les verres du gris- brun foncé au jaune.

Ici, ce sont quasi essentiellement les mêmes matériaux qui me permettent de fabriquer ce vitrail photographique, le nitrate d’argent apposé sur le verre permet de sensibiliser la plaque par la technique du collodion humide.

La grisaille caractérisant aussi le ciel nuageux, je décide dans la rue de Poissy à Paris, aux alentours du Collège des Bernardins qui accueille mon laboratoire éphémère, de tourner ma chambre photographique vers le ciel, capturant par la même en contre-plongée les architectures qui s’élèvent.

J’ai fabriqué un dispositif me permettant d’adapter le châssis de la chambre photographique 20x25 pour qu’il puisse accueillir des losanges en verre. Je peux alors choisir le nombre de losanges, la composition de 2, 3, 4 ou 5, et photographier sur plusieurs tessons en une seul fois.

Je décide par la suite de recomposer les images ensemble en imbriquant les losanges. Les images se composent et se décomposent entre elles, se continuent, créant l’image d’un paysage architecturé fictif et labyrinthique, rétroéclairé dans un encadrement de pierre.

Vue de l’exposition à la Galerie du Faouëdic, Lorient
Photo : Sophie Monjaret