Artiste français (né en 1976), John Cornu propose une attitude héritée du minimalisme et du modernisme (sérialité, modularité, primauté des matériaux) tout en convoquant souvent un rapport fort au contexte (historique, architectural, sociétal) et une forme de romantisme contemporain assumé (attitude dionysiaque, usure, cécité, références à différentes productions sonores, entropie…). S’intéressant à des thèmes comme les ruines modernes, les logiques de pouvoir ou encore certains écarts anthropologiques, l’artiste instaure dans ses productions une atmosphère à la fois poétique, cathartique et sans concession. Qu’elles soient sculpturales, performatives ou encore installatives, ces dernières confrontent un […]
Artiste français (né en 1976), John Cornu propose une attitude héritée du minimalisme et du modernisme (sérialité, modularité, primauté des matériaux) tout en convoquant souvent un rapport fort au contexte (historique, architectural, sociétal) et une forme de romantisme contemporain assumé (attitude dionysiaque, usure, cécité, références à différentes productions sonores, entropie…). S’intéressant à des thèmes comme les ruines modernes, les logiques de pouvoir ou encore certains écarts anthropologiques, l’artiste instaure dans ses productions une atmosphère à la fois poétique, cathartique et sans concession. Qu’elles soient sculpturales, performatives ou encore installatives, ces dernières confrontent un ensemble de forces paradoxales, et induisent une multiplicité de sens, l’idée d’une plurivocité.
L’œuvre de John Cornu semble le témoin d’une époque tiraillée entre l’héritage moderniste – et son idéologie égalitaire – et les réminiscences d’un romantisme débarrassé de ses scories.
Minimalistes dans leurs formes, ses œuvres portent en creux la trace des mains qui les ont manipulées, façonnées, imaginées comme pour mieux rappeler l’importance du geste ancestral hérité de la nuit de temps. Elles sont aussi le résultat d’une tension entre des forces et des sentiments souvent contradictoires. Elles dessinent un paysage mélancolique peuplé d’âmes grises qui nous rappellent à l’ordre. Il faut réapprendre à voir et éprouver le temps qui passe pour mieux l’appréhender car demain sera certainement un autre jour.
Christian Alandete
Extrait du texte de l’exposition Les âmes grises, Mains d’œuvres, Saint-Ouen, 2019