Jean-Marc
Nicolas

07.03.2023

Exposition Jeux de Construction

Véronique Vauvrecy pour l’exposition ‘Jeux de Construction’ au centre culturel de Ploufragan, mai 2005

Le travail artistique de Jean-Marc Nicolas est un questionnement constant des espaces construits. Ses oeuvres, sculptures, peintures, dessins, ou ses récents jeux de constructions, sont à vivre. Elles supposent toujours une expérience, physique ou mentale, réelle ou fictive.

Les sculptures réalisées entre 1990 et 2000, évoquent des archétypes d’architectures tels que tunnels, murs, maisons. Toujours à l’échelle de l’homme, elles invitent à une déambulation pour faire l’épreuve du passage, à une escalade pour se confronter à leurs dimensions, à un contournement pour se heurter à leur inaccessibilité… Ces différents types de circulations et de contraintes orchestrées, visent à explorer la sculpture dans ses rapports à l’espace et simultanément à l’éprouver dans ses rapports à soi comme lieu de l’expérience psychologique.

Ces approches sont bien plutôt ludiques qu’austères, car de manière générale, les oeuvres de Jean-Marc Nicolas oscillent entre humour et absurde. Et de fait, les dessins, peintures, pliages, qui complètent les volumes avec précision, n’échappent pas à cette dimension. Ni même les textes, « dessins de mots » qui tentent de circonscrire avec un souci anatomique les contours de la sculpture. Difficile tentative, car tous ces projets et représentations des oeuvres qui diffusent des informations finalement toujours relatives et supposent cette fois une expérience abstraite, reconstitution mentale ou visualisation, par le passage à la deuxième dimension, nous confrontent à nos limites de compréhension de la sculpture.

Optant aujourd’hui pour une simplification des moyens, avec trois fois rien, des legos prélevés sur l’espace de jeu de son fils, des pierres assemblées sur la plage ou en montagne, Jean-Marc Nicolas construit des architectures fictives ou élabore des esquisses en volume d’architectures supposées devenir réelles comme pour répondre à une commande. Ainsi des projets de centre de thalassothérapie, de parking aérien, de complexe hôtelier, ou de salle omnisports, - des « Lithogénèses » qui ont quelque chose à voir avec le premier croquis de la chapelle de Ronchamp par Le corbusier - , sont-ils échafaudés en un tour de main. Ensuite photographiées, ces « maquettes » sommaires, acquièrent le statut d’oeuvre, non sans dérision !

Ainsi, d’oeuvre en oeuvre, et quel qu’en soit le support, Jean-Marc Nicolas n’a de cesse d’interroger le lien possible entre sculpture et architecture, avec toujours le même regard amusé.