Jean-Marc
Nicolas

07.03.2023

Sites

à partir de 2021
Impression jet d’encre sur papier fine art mat, 161 x 106 cm

Sites, à partir de 2021
Impression jet d’encre sur papier fine art mat, 161 x 106 cm.

C’est peut-être le point de rencontre de ma pratique de sculpteur et de dessinateur, l’élément commun en étant l’inscription d’un évènement dans un site.
Chaque site donne lieu à 14 prises de vues à 360° d’un même mégalithe, organisées sur 2 dessins formant un dyptique. Chaque dessin est ainsi constitué de 7 images superposées, dans le sens horaire pour l’un et antihoraire pour l’autre.
La superposition par transparence des images redonne au volume sa sculpturalité, jusqu’à parfois l’apparence d’un mouvement ou d’une présence anthropomorphe. La délicatesse du rendu fait ressentir la densité de la pierre, sa matière.
Le travail tend à mettre en évidence la minéralité du sujet, sans l’isoler de son site. Au contraire, site et sujet s’imbriquent, se fondent, autant pour redire l’importance du site originel dans l’emplacement des pierres, que pour l’autonomie du dessin.

La série est ouverte à chaque site rencontré. Le parcours du territoire à la recherche des pierres est une part importante du travail. Rarement mentionnés en dehors des zones touristiques, souvent éloignés des voies carrossables, les mégalithes se découvrent comme des vestiges ignorés. L’aspect reportage ou ‘mission photographique’ est assumé, ainsi que celui d’inventaire auquel un protocole unique de traitement de l’image fait penser.

C’est pourtant ce même protocole qui éloigne le projet d’un champ scientifique, en rendant les mégalithes difficilement reconnaissables par la superposition d’images. Ils ne sont pas représentés mais présentés, le sujet étant définitivement le dessin. Le dessin qui perturbe l’instantanéité photographique, qui aborde le temps comme une superposition, une accumulation d’informations. Un temps long et lent qui efface, couche après couche.