Ines
Dobelle

NEW . 26.11.2024

Loin des yeux près du coeur

Vues de l'exposition en duo avec Julia Pitaud à la Galerie du 48 à Rennes, 2020
Avec la complicité d’Isabelle Henrion
Documentation filmée de l’exposition.
Réalisation : Ines Dobelle

Loin des yeux près du cœur sous-entend
un déménagement et des cartons qu’on arrive jamais à défaire complètement

Le départ d’une ville pour en rejoindre une autre
des objets qui trainent et qui cherchent leur place

Une histoire d’amour qui s’interrompt
pour une nouvelle histoire 

Un assemblage de souvenirs kitsch à la sauce Photoshop
des corps qui roulent et qui s’échauffent 
des leurres qui ne comptent pas pour du beurre
des plats en inox sans plats préparés

Un genou qui se protège

un rythme cardiaque qui s’accélère sous couvert d’un pouls normal

une absence visuelle traduit par une présence physiologique

Loin des yeux près du cœur, est une exposition où se réunissent pour la première fois Ines Dobelle et Julia Pitaud. Deux jeunes artistes, diplômées des Beaux-Arts de Paris qui se sont retrouvées par hasard à Rennes.

Dans l’espace, on observe un ensemble inédit de sculptures qui se mêlent à la photographie et l’installation. Ines et Julia procèdent de manière empirique dans la réalisation de leurs pièces. Elles s’amusent dans un jeu de collage et d’assemblage à agencer divers éléments qu’elles fabriquent ou récupèrent. Il s’opère ainsi dans la composition, une variation entre une facture manuelle proche de l’artisanat et un aspect manufacturé où s’efface les traces de la main.

Les formes et les matériaux employés se conjuguent au pluriel. Ici des brins de laine côtoient un revêtement synthétique suggérant les pores de la peau. Là le profil d’un visage découpé dans de l’inox, trempe dans une sauce gélatineuse. Ou encore la transparence du verre qui soutient l’opacité de la cire. Les matières cohabitent comme dans une maison.

Une maison hantée par des souvenirs, qu’ils soient industriels ainsi que nous le montre cet empilement de tours Effeil fabriquées en série, ou fictionnels telle cette empreinte de godasse dans un chewing-gum géant. Traités sous le mode de la dérision, il faut en réalité laisser tomber le masque de la comédie comme on retire des chaussettes, pour se laisser porter par une fragilité. Celle des corps fantasmés, des corps oubliés, des corps fantomatiques, des corps fragmentés.

Ces derniers, disséminés dans l’espace, reflètent ce sentiment d’être à divers endroits à la fois, tout en communiquant par correspondance. On retrouve en effet dans plusieurs pièces des mains qui se joignent et des profils qui se ressemblent. On retrouve également un désir de contact. Contact de matières, contact de surfaces, contact des objets à activer au sol. Contact dans l’image frontale de ce genou sortant de la déchirure du jean pour observer ce qui se passe à l’extérieur.

Avec ou sans accent, 2020
Laine, mousse, contreplaqué, huiles essentielles - 133 x 40 x 60 cm

Joujou-hibou-caillou, 2020
Laine, céramique, mousse polyuréthane, contreplaqué, perruque, dimensions variables

L’homme a d’abord marché sur un chewing-gum avant de marcher sur la lune, 2020
Pâte à sel, 16,5 x 20 cm

Manoamano, 2020
Contreplaqué - 67 x 40 x 0,2 cm
Protèjenous, 2020
Photograhie numérique, mousse polyuréthane, 97 x 62 x 7 cm
Roller-sock, 2020
Bois, roulettes, 20 x 21 x 8 cm, 22 x 23 x 8 cm
Roller-sock, 2020
Bois, roulettes, 20 x 21 x 8 cm, 22 x 23 x 8 cm
She wants to feel her heart beating, 2020
Bois, PVC, perruque, 98 x 123 x 38 cm

Photos : Ines Dobelle