Dans ce projet architectural, les surfaces de métal coloré visibles dès l’extérieur de la bibliothèque universitaire se déploient dans le hall d’accueil puis les salles de lecture. Elles fonctionnent comme «reliure» associant la partie ancienne de la bibliothèque « Santé » à sa nouvelle extension. Cette identité visuelle, en quelque sorte la signature du bâtiment, est conforté par le choix des couleurs : rouge oxyde de fer et vert oxyde de cuivre, qui sont aussi celles des reliures en cuir des nombreux ouvrages conservés dans la réserve du fonds ancien de la bibliothèque.

Tirant parti de cette similitude colorée entre métal et livres, et de l’implantation de ces surfaces dans les zones intermédiaires que sont les espaces d’accueil, les deux ensembles de sérigraphies sur verre réalisés dans le cadre du 1% artistique cristallisent cette notion de reliure.

Ces sérigraphies ont été réalisées à partir de prises de vue photographique des rayonnages de la bibliothèque. Les images ont été cadrées frontalement puis retravaillées numériquement afin d’effacer la matérialité du livre, sa dimension d’objet et le fétichisme lié à sa facture ancienne. Par détourage, il n’a été conservé que les lettrages dorés des titres, en respectant l’organisation et les espacements rythmés des ouvrages. Les deux ensembles ont ensuite été recomposés, agrandis et sérigraphiés à l’encre dorée sur les plaques de verre.

Le premier ensemble est installé dans l’espace d’accueil du rez-de-chaussée devant le mur de métal vert, le second, à l’étage devant le mur de métal rouge. Par transparence le verre préserve la continuité visuelle des matériaux de l’architecture et par superposition, les lettrages sérigraphiés sur sa surface révèlent la substance et la fonction du lieu à travers une vaste terminologie médicale.

Deux lectures s’imposent : la première à distance impliquant l’espace environnant et ses circulations ; la seconde à proximité, à l’échelle du livre, conditionnée par la taille des lettrages.