Étienne
Bossut

16.01.2020

Olympia

Olympia, 2010
Moulage en polyester d’un banc en plastique, d’un citron et d’une poêle
Photo: Louise Bossut
Le poids des ans, 2010
Moulage en polyester d’un citron, d’une enclume et d’une chaise
Collection Fonds départemental d’art contemporain d’Ille-et-Vilaine
Photo: Louise Bossut
Hommage à Broodthaers, 2011
Moulage en polyester
Multiple signé et numéroté au dos 25 exemplaires
Photo: Etienne Bossut
Tiré à part, 2009
Moulage en polyester
Multiple signé et numéroté au dos 25 exemplaires,
gdm édition
Photo: Etienne Bossut

Votre nature est-elle bien morte ?

Un “Tiré-à-part”, dans le vocabulaire de l’édition que le World Wide Web est en train de rendre hermétique aux générations à venir, est l’impression surnuméraire (un rab, pour employer une expression que les générations à venir comprendront encore) d’un seul article, inclus dans un ouvrage généralement volumineux, et dont l’éditeur faisait don à l’auteur, pour qu’il en distribue des exemplaires autour de lui. La coutume était belle. Chez Bossut, cela devient le moulage — le tirage — d’une poêle à frire criblée de balles, une nature morte, puisqu’il s’agit d’une représentation fidèle d’un objet usuel. Morte, avec 19 impacts de calibre 38, on ne doute pas que cette lointaine cousine des chaudrons de Chardin le soit (12 balles constituant la norme, mais la peau des poêles est coriace). Même si on l’imagine d’emblée sortie de l’univers de la BD d’aventures, c’est une Vanité contemporaine qui donne aussi à penser : si des objets se sont malencontreusement trouvés sur le trajet de balles perdues, c’est que beaucoup d’hommes et de femmes ont été dans le même cas, et le sourire que Tiré-à-part vous arrache spontanément se mue en un sentiment plus mêlé de vague-à-l’âme. Aux cinéphiles, il évoquera immanquablement le casque percé qui est l’emblème d’un des chefs-d’œuvre pessimistes de Samuel Fuller, Steel Helmet.

Didier Semin