la place et le rôle des mathématiques dans vos oeuvres
la place des calculs mathématiques pour la construction de vos sculptures
L’œuvre « Simplexe, la mare au feu » est celle sur laquelle j’essaie de me renseigner en me documentant sur internet
Bonjour
J’ai bien reçu votre mail et je prends enfin le temps de vous répondre. Je suis à la fois touché et amusé que choisissiez cet axe de réflexion pour ce grand oral dont je découvre l’existence !
Le manuel de mathématiques Hyperbole Term spécialité, Bac 2021, publié par Nathan doit certainement être à l’origine de ce choix ? J’en ai un exemplaire fourni par Nathan, pour visualiser la photo Simplexe, la mare au feu, page 133. Je dois avouer que je suis ravi de voir cette image figurer dans un manuel de maths de Terminale scientifique.
En le rouvrant suite à la réception, de votre mail, j’ai constaté que je n’avais pas vraiment lu l’énoncé de l’exercice qui s’appuie sur l’image. Voyant que le numéro de l’exercice est inscrit sur une vignette verte, j’ai compris que le « corrigés » figure en fin de manuel. J’ai décidé de me lancer dans l’exercice, en regardant vite fait le cours des pages précédentes pour me « dérouiller la mémoire » . J’ai réussi !
En voulant vérifier si ça collait avec la solution du manuel j’ai constaté que sur la version dont je dispose, il manque quelques corrigés dont celui-ci… j’ai vérifié le résultat sur wikipédia car je ne connais pas par cœur la formule donnant la hauteur d’un tétraèdre régulier.
À vrai dire wikipedia m’est d’une aide précieuse lors de la préparation de ce genre de projet, afin d’éviter de faire des erreurs sur ce que j’ai partiellement oublié.
Sinon, je fonctionne avec des éléments de base de mathématiques élémentaires niveau collège/lycée : théorème de Pythagore, Thalès, de la trigonométrie basique, des calculs d’aire et de volume, des règles de 3 …. Je n’utilise par exemple jamais les produits scalaires !
Sur les pages de mes carnets de recherches se mélangent à la fois dessins, schémas, notes et calculs… Il y a toujours beaucoup de chiffres, de nombres et parfois des pages entières de calculs.
« Simplexe, la mare au feu » est l’une de mes premières pièces pour laquelle le logiciel 3D Sketchup Pro a été essentiel dans la conception et le dessin des différents éléments constituant la sculpture. Le Logiciel résout très vite différents problèmes et calculs. Mais malgré tout, je dessine toujours beaucoup de croquis et de schémas géométriques, annotés de calculs. Le logiciel a l’avantage de permettre d’appréhender de façon plus concrète (même si l’on reste dans la modélisation) les dimensions, les mesures, les angles. Quand on est plutôt à l’aise en vision dans l’espace, ce logiciel permet de jouer avec les volumes de manière intuitive. Je ne me suis jamais lancé dans l’utilisation de logiciels comme Blender, Rhino…
Le titre de l’œuvre « simplexe, la mare au feu », lié à sa forme, évoque un concept mathématique, le simplexe, objet géométrique clos le plus simple : segment, triangle, tétraèdre… Là, on a un tétraèdre régulier, premier des cinq polyèdres réguliers convexes (solides de Platon). Le tétraèdre est associé au feu dans la théorie de Platon.
Je m’appuie sur un registre de volumes géométriques simples à identifier, en réfléchissant à la manière la plus astucieuse et légère de monter le volume afin de travailler sur leur surface, leur enveloppe, leur peau. Je fabrique des kits modulaires pour créer des enveloppes de métal gravé, s’adaptant aux ossatures sans autre système de fixation apparent que celui des plis liant les éléments modulaires générant la surface.
Outre le tétraèdre, j’ai travaillé sur la sphère avec la pièce « une misteriosa bola », montée sur une structure géodésique s’appuyant sur la forme de l’icosaèdre.. J’ai tourné autour du volume de l’octaèdre, symbole de l’air dans la théorie de Platon pour la pièce « magmas & plasmas ». J’ai associé un cylindre et une demi-sphère pour la pièce « pavillon CuCuZnZn ». Sans oublier le plan avec les grands murs couverts par la pièce « Aka Black Mamba » et la surface concave et convexe avec « ((Portail)) ».
Ce sont donc des notions de géométrie élémentaires voire fondamentales, qui me permettent de faire des choix dans un corpus de volumes parfois chargés d’une dimension symbolique, pour leur attribuer un statut de formes sculpturales. J’utilise ensuite le calcul, comme un constructeur/ingénieur/bricoleur/artisan pour définir les masses, les débits de matière, les côtes des découpes… Pour dimensionner, je dois estimer le jeu nécessaire entre les différentes pièces pour couvrir la totalité des surfaces sans que cela coince ou refuse de se fermer par manque ou surplus de matière, en tenant compte de la spécificité des matériaux, leur flexibilité, leur épaisseur… C’est très pragmatique voire empirique.
De par mon cursus scolaire, jusqu’au bac scientifique suivi d’un bref passage en math-sup métiers de l’ingénieur, je peux m’appuyer sur quelques souvenirs poussiéreux que je peux rafraîchir relativement vite s’il le faut. Ensuite les études en école d’art m’ont vite fait comprendre l’intérêt de la polyvalence, qu’être « touche-à tout » - en incluant les maths ! - est un atout !
Le 29 juin prochain sera inauguré une nouvelle œuvre nommée « aux ocelles », dans le village de Callen dans Les Landes. Cette pièce est construite sur une structure cylindrique complétée sur ses deux extrémités par des zomes tronqués. Cette « capsule », montée sur un piètement « triangulé » est transportable et s’incline à 26,79 % (15°) lors de la pose sur site. Il est possible d’y entrer et même d’y dormir une nuit… Ce fut un bon casse-tête mathématique de concevoir et finaliser ce projet !
J’espère avoir été clair et que cela vous aidera ! Bonne chance pour le bac et ce grand oral !
Antoine Dorotte
Antoine
Dorotte
11.07.2025
Réponse d'Antoine Dorotte aux questions d'une lycéenne en Terminale Scientifique