CARESS BAR
Exposition collective CATS ARE TAKING OVER à la Villa Catena, Bucarest, Roumanie
Commissariat: Alexandru Niculescu et Daniela Palimariu
Partenaires : l’Institut français, Neurohope, Krupa Foundation et Senso Arte
Photos : Sandwich 2025 / Catalin Georgescu
Dans un garage, Le Caress Bar s’ouvre comme un espace de liberté et de dérive, une zone de transformation où j’invite les humains à accéder à leur part animale, féline, simplement en adoptant les attitudes sociales du chat. Ici, il ne s’agit pas de se déguiser, mais de devenir chat par le comportement, par le détachement, la désinvolture, l’arrogance tranquille. Sur les murs, les injonctions à “devenir chat” se déploient sous forme de peintures et de silhouettes de chats noirs. Certaines reprennent les répliques irrévérencieuses du personnage de Salem, le chat sarcastique de la série Sabrina, l’apprentie sorcière des années 1990 : “RUINNING PEOPLE’S LIVES? IT HAPPENS TO ME ALL THE TIME” - « FOOD! » - « I NEED LITTLE FRESH AIR AND A LATTE » …Leur humour grinçant souligne le caractère provocateur, égoïste et jouissif du chat, figure à la fois méprisante et séduisante. À côté, d’autres phrases tracées à la craie, inspirées de tutoriels en ligne façon WikiHow (“Do not shave ever again”, “Sit on people when they’re trying to work on something”), dessinent une méthodologie absurde de la transformation : devenir un chat, c’est désapprendre la politesse, revendiquer l’oisiveté et la domination.
Au bar, on ne sert que des White Russians, un cocktail à base de lait, vodka et liqueur de café. Un puzzle de la Joconde, bon marché, montre la figure emblématique de Léonard de Vinci berçant un chat, surmontée de l’inscription peinte à la main : “Who runs this motha world…” empruntée à Beyoncé, rappelant avec ironie que les chats règnent sans partage sur notre imaginaire et nos foyers.
Des appareils de massage pour pieds recouverts de fourrure, activés en continu, viennent caresser et frotter les corps, matérialisant notre attirance paradoxale pour ces créatures capricieuses. Le dispositif, à la fois sensuel et légèrement glauque, joue de cette tension entre plaisir et servitude. Dans le comptooir, un petit trou porte l’inscription “Peep Show”. Le visiteur est invité à s’y pencher : à l’intérieur, des humains en pleine métamorphose glissent lentement vers l’animalité — des chats à têtes humaines, entre fascination et malaise.
Le Caress Bar explore ainsi la séduction du pouvoir félin, cette étrange alchimie qui nous pousse à adorer nos bourreaux, à désirer devenir ce qui nous domine. Le chat devient le miroir ironique de nos contradictions les plus intimes : notre besoin d’amour, notre goût pour la soumission, et notre rêve secret d’indépendance absolue.
L’exposition collective avec Mihaela Ioana Atomei, Liliana Basarab, Marcel Broodthaers, Dan Basu, Radu Boeru, Anastasia Calinovici, Tudor Ciurescu, Coady, Vuk Ćuk, Bernat Daviu, Stoyan Dechev, Ecaterina Cristescu Delighioz, Pola Dwurnik, Mari Eastman, Elian, Giles Eldridge, Bianca Ferăstrău, Dimitrie Luca Gora, Dumitru Gorzo, Tobias Hild, Sorin Ilfoveanu, Peter Jecza, Sarah Lucas, Martin Goya Business, Marta Mattioli, Olivia Mihălțianu , Mihaela Moldovan, Nico Mureș, Giuliano Nardin, Trine Lise Nedreaas, Jin Ningning, Radu Pandele, Dan Perjovschi, Alexandru Ranga, Cristian Răduță, Juan Ripollés, Natasha Shulte, Francisc Șirato, Anaïs Touchot, Andrei Tudoran, Gabriela Vanga, Dan Vezentan, Zhang Zhihui, Béla Zoltán.