Virginie
Barré

MÀJ . 19.04.2024

Vitrines

2012

Introduction au rêve géométrique, 2012,

L'Antenne, Vitrine, Le Plateau FRAC Île-de-France.
Cette exposition fait suite au projet Pince/Ponge réalisé avec Bruno Peinado pour la Vitrine Régionale d'Art Contemporain de Millau. (Voir ci-dessous)
Photo : Martin Argyroglo

Oscillant du familier au mystérieux, de la couleur au noir et blanc, de l’image-mouvement à l’arrêt sur image, la pratique artistique de Virginie Barré se décline en étranges installations de mannequins accessoirisés et autres dessins et bandes dessinées. Hantées par des souvenirs cinématographiques, ses oeuvres apparaissent comme autant d’énigmes pour le spectateur.

Introduction au rêve géométrique se compose de différents éléments présentés comme une collection de curiosités. Objets fabriqués ou trouvés par l’artiste, ils se relient entre eux par différents motifs circulaires à plat ou volumétrique. Leur mise en espace joue avec les règles de l’art de l’étalage, des lettrages en fond à l’organisation de la disposition d’ensemble. Grands bâtons peints, oeufs en plâtre, stickers découpés, personnage costumé et masqué, fragments textiles découpés… Rythmant en noir, blanc et en couleurs primaires, ces éléments représentent le “vocabulaire” d’une histoire, les éléments d’un générique de film en devenir.

Souvenirs personnels ou images génériques, les représentations d’enfance jalonnent les oeuvres de Virginie Barré. En retour, à l’invitation de l’Antenne pour les stages de pratique artistique des vacances d’été, l’artiste confronte son oeuvre aux réactions des enfants et entraîne les groupes dans des jeux de mises en scène et de construction de personnages fictionnels, au moyen de différents objets et déguisements. Les jeunes participants fabriquent des costumes (vêtements, capes, chapeaux, masques en toile blanche imprimées de formes géométriques…) puis activent et manipulent différentes formes fabriquées en carton ou scotch. Ils réalisent des photos et des vidéos, imaginant une histoire secrète, les règles d’un jeu donnant une dimension onirique et abstraite à ces images.

Pince/Ponge, 2012
Vitrine Régionale d'Art Contemporain (VRAC), Millau
Collaboration avec Bruno Peinado
200 x 200 x 300 cm, matériaux mixtes
Photo : Bruno Peinado

Le point de départ de cette exposition est une invitation faite par Marie Demy et Stéphane Got il y a un an, d’exposer en binôme dans une vitrine de Millau. Comme nous avions un an pour y penser nous n’y avons travaillé que les derniers mois. Le fait de travailler à quatre mains n’est pas une mince affaire, là où l’on pense aller plus vite car on est deux, est en fait bien plus lent, car nous sommes deux à valider chaque décision. A force de nous laisser la priorité, et de ne pas choisir ce que nous pourrions faire, nous avons arbitrairement décidé d’un protocole à suivre, un peu comme un itinéraire bis.

Ce protocole que nous avons mis en place était de rebondir sur ce que l’autre nous proposait, à la manière d’une comptine. Virginie sur ce désir me proposa l’idée du Ping Pong, que je transformais en “pince ponge ” rebondissant sur cette possibilité de prendre la balle au bond et d’en vriller le sens, ainsi la trame de notre protocole était trouvée, partant d’un référent, nous le vrillerons et le ferons rebondir, comme un calembour qui se consomme frais à la terrasse des campings l’été en Aveyron.

Un camping pong tout en pince à linge et en éponges, une sorte de remise en jeu par des déplacements qui pourraient agréger un ailleurs à cette vitrine et cela, par l’à peu près, le simulacre et le détour, comme le fait de passer à Millau pour aller à Rodez sans prendre le viaduc mais descendre dans la ville et s’y perdre avec plaisir.

L’art de la vitrine est depuis Ray et Charles Eames un art qui se consomme en couple et c’est un art de détours. Aussi ce que nous proposons aujourd’hui à voir est une manière de rebondir sur l’art d’exposer dans une vitrine, une proposition en étalagistes qui met en perspective le jeu et nos permanences de mise en reflets des enjeux de surfaces, picturales ou de terrains de sports .

Un tableau se compose depuis la rue en clin d’oeil à certains artistes ou couples d’artistes que nous apprécions, à certains auteurs ou couples d’auteurs, à certains designers ou couples de designers, à certains philosophes ou couples de philosophes, le jeu est ouvert et désormais la balle est dans votre camp pour le composer et le recomposer à loisir.

B.Peinado, Millau le 4 juillet 2012