zuhause/musik 002
zuhause/musik 002
Vues de l’exposition collective Gabriele Münter Preis 2007, Martin-Gropius-Bau, 2007
zuhause/musik
Dessins numériques, imprimé sur papier et tapissé sur le mur, 2005
zuhause/musik 002
Ursula Döbereiner laisse au spectateur des messages provenant d’un territoire de pixels et de lignes qu’elle délimite avec précision. Qu’est-ce qui scintille derrière les paupières quand on détourne le regard devant la surabondance d’images véhiculées par les médias ? Dans ses dessins en série au stylo à bille et à l’ordinateur, Döbereiner agit à l’interface entre la mémoire privée et publique, la vision intérieure et extérieure, le quotidien et le glamour - toujours à l’affût de la perception et de ses modes de fonctionnement. Elle retire l’éclat de surface des éléments de la culture pop qui peuplent son cosmos installatif et en profile les contours avec un geste d’une froide désinvolture. Ce qui reste alors d’un sac Prada, des antihéros de la Nouvelle Vague, des motifs d’affiches et des it-girls, ce sont des chiffres dont les plans de construction transparaissent.
Dans cette transformation artistique, tous les motifs se côtoient de manière si peu hiérarchique que le privé et le collectif se fondent l’un dans l’autre, l’un se transformant sans cesse en l’autre. Les images de papillons prédécoupées ont soudain l’intimité d’un monde de jeunes filles perdues dans leurs rêves, tandis que les scènes quotidiennes et les portraits d’amis deviennent indiscernables des images de films et des stars de la pop.
L’installation “zuhause/musik002” touche au cœur conceptuel de son travail, qui consiste à injecter le flux d’images trouvées dans un flux parallèle de ses constructions de dessins, souvent d’origine numérique. C’est dans ce pool que Döbereiner puise ses dessins, qu’elle “sample” et qu’elle tapisse en tant qu’impressions informatiques sur les murs de la salle d’exposition. Les dessins des lignes de contour, agrandis à l’échelle et créés sur l’ordinateur en fonction de la résolution d’écran de 1024 x 768 pixels, transforment le papier peint, élément classique de la maison et aménagement réel, en une surface de projection. En éliminant tout ce qui est narratif et figuratif dans cette installation, le regard se pose sur des analogies de processus de perception et de procédés artistiques qui sont à la base des motifs technico-électroniques qui se superposent dans l’enchevêtrement de câbles. Cette absence, une zone neutralisée en quelque sorte, est un élément hautement productif qui active l’”écran intérieur” (Oswald Wiener) du spectateur. Confronté à la réalisation low-tech grossièrement pixellisée et aux décalages de perspective du collage, le regard est placé dans un état scintillant qui nécessite un mouvement interne et externe à travers l’imagination spatialisée de l’artiste. L’installation devient ainsi également un exercice pour le cas sérieux d’une vision formelle, dans laquelle la métaphore de l’interface serait d’une importance centrale.
Ceux qui pensent que la boucle de dessin et d’installation qui en résulte est un accès disséquant se trompent. Le procédé de Döbereiner est à la fois un hommage et une déconstruction, même l’attitude cool est mise en scène. C’est le camouflage d’un regard complaisant.*
Jutta v. Zitzewitz
*Texte original en Allemand, traduit en français
Dessin numérique