Nikolas
Fouré

04.08.2022

Tavola 0

Tavola 0, 2019, Villatalla, Italie.
Avec Ettore Labbate et Rafaël Guiavarc'h
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Il s’agit ici d’une mise en commun artistique.

Nous avons réalisé ce travail en aout 2019 dans un petit village d’Italie perché sur une colline, en Ligurie. Nous étions invité par une association pour un petit festival d’art contemporain qui est ouvert au public durant une journée. Nous sommes partis en train de Paris avec Ettore, et Rafaël nous à rejoints à Turin. Nous ne savions pas ce que nous allions réaliser en partant. Juste que cela aurait à voir avec « la table » au sens large, c’est à dire l’espace-temps de partage de nourriture, d’idées, de savoirs… La table étant une « notion », « une question » qui nous intéresse et autour de laquelle (au propre comme au figuré) nous nous rencontrons depuis quelques années, principalement avec Ettore Labbate et Mayhoua Moua et plus ponctuellement avec d’autres personnes, afin d ’échanger des idées, d’élaborer des propositions, d’expérimenter des savoirs et des faires…

La seule chose que nous avions décidé avant de partir c’est que nous emmènerions 1 kg de farine de sarrazin chacun dans notre sac à dos. Afin de faire des crêpes, si possible.

Le voyage, avec une halte chez des amis à Genève ( ou nous avons déterré quelques plants de Sarrazin pour les emmener à Villatalla) puis une autre hâlte à Turin nous à permis d’échanger et de nous entendre sur une idée que nous devions réaliser très rapidement - en quelques jours - en arrivant. Notre désir était de faire avec le moins possible (c’est à dire sans apports de materiaux).

L’idée est née lors de nos échanges et – comme la plus part du temps : nous n’avons rien inventé puisque nous nous sommes référés à une pratique existant en Bretagne (et sans doute ailleurs ?) jusqu’au début-milieu du 20e siècle, qui consistait, lors de mariage (ou autres célébrations) dans les campagnes ou il y avait des centaines (voir des milliers) de convives, à creuser des tranchées dans les champs afin que les gens puissent s’asseoir et « s’attabler » afin de se restaurer.

Arrivés à Villatalla, nous avons d’abord arpenté les alentours du village à la recherche d’un possible lieu.

Après l’avoir trouvé, nous avons fait le choix d’un emplacement afin de creuser un cercle d’environ 3m de diamètre et d’une hauteur d’environ 40 cm. Nous avons récolté et installé quelques pierres plates autour du cercle. Et nous avons également récolté les fruits aux alentours de la table : des mûrs pour faire de la confiture, des poires, des amandes, de la menthe pour faire une boisson…

Nous avons fait des crêpes de sarrazin et les personnes visitant le village et les propositions artistiques lors de l’ouverture dominicale pouvaient s’attabler afin de gouter les crêpes, échanger ou simplement se poser et regarder le paysage.

Le choix de l’emplacement de cette « Tavola » était décisif, l’espace et les vues qu’il offrait était déterminant pour le temps que nous avions envie de passer autour de cette table.

Nous avons habité ce lieux durant quelques jours. Habiter c’est à dire que nous l’avons modifié par notre présence, nous avons creusé, nous nous sommes servis des plantes comestibles aux alentours…

Puis nous avons rebouché le trou (la table !) et sommes partis. La réversibilité étant un principe qui nous avait animé dés le début.

Aucune représentation artistique n’était proposée au public, simplement faire l’expérience d’un milieu.

Nikolas Fouré © Adagp, Paris

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