Nikolas
Fouré

04.08.2022

Cascade

2015
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Cascade, 2015
Gravure à l'eau forte (encrage et gaufrage) sur papier JS Swan extra blanc, 50 x 70 cm, 25 exemplaires.
Réalisée dans les ateliers du Genou Vrillé à Pouldergat.

Nikolas Fouré © Adagp, Paris

Un pied dans la sculpture, l’autre dans le dessin, savoir sur quel pied danser n’est pas une question que se pose Nikolas Fouré. L’estampe, lieu de rencontre du creux et de la surface peut alors être appréhendée comme une danse de salon, technique et métisse, à laquelle l’artiste s’essaie de temps à autre. De nombreuses gravures à l’eau forte (Vanités et Objets du Paysage) réalisées sans encrage en 2009, puis Vague, 2010, gaufrage blanc sur blanc d’après La Vague d’Hokusaï, puis Calcaire, 2012, lithographie produite en partenariat avec le Musée de l’Imprimerie de Nantes…

Avec Cascade, 2015, - autre clin d’œil au maître de l’estampe japonaise aussi bien par son format que par la référence à un élément de la nature ; Nikolas Fouré, dans une ambition de récit et en évitant toute illusion, poursuit ses recherches sur les relations entre l’individu et son milieu.

Les éléments formels convoqués ne donnent pas à voir autre chose qu’eux-mêmes. Cependant, formes angulaires et dégradé bleu provoquent une bascule entre abstraction et représentation du paysage. C’est dans l’assemblage, la répétition d’un vocabulaire plastique simple - issu de la géométrie - que se trouve en puissance l’invention d’un récit.

Il faut s’imaginer remonter la cascade, tel le sicyopterus stimpsoni. Ce poisson endémique de Hawaï, doté de ventouses, est capable de se hisser le long de parois rocheuses hautes de plusieurs centaines de mètres afin de mettre ses œufs à l’abri des prédateurs. Les jeunes pourront ensuite regagner la mer avant de migrer à leur tour en haut d’une chute d’eau à l’âge adulte.

Remonter la cascade… les formes en relief - rectangulaires et étirées ; obtenues par les morsures de l’eau forte, les pixels de nos écrans lisses… la répétition d’un principe géométrique, la relation entre l’un et le multiple, le numérique… nos objets connectés au mécanisme invisible, la chute qui apparaît par l’agencement de formes abstraites simples. Remonter la cascade… trouver un abri, repartir…

Mayhoua Moua