Nicolas
Desverronnières

NEW . 15.10.2025

LIVING INTERFACES

Vues de l’exposition Living interfaces, With artist foundation, 2022

Résidence de recherche et création à Paju, Corée du Sud.
Projet réalisé avec le soutien et l’accompagnement de la With artist foundation et de l’Usine Utopik.

Invité en résidence à la With Artist Foundation, je m’intéresse aux différentes représentations produites par le vivant sur le territoire d’Heyri et les connexions entre différents mondes qui se côtoient de près. C’est tout autant l’étude des plantes, des roches, des sculptures, que les formes du divertissement et du climat qui constituent ici la matière première de ma réflexion et la mise en relation, par le dessin et le volume, de plusieurs spécificités du lieu.

En collectant les feuilles de certaines plantes creusées par des insectes phytophages, je constitue un herbier de ces entailles végétales, révélant ainsi la présence de chenilles, coléoptères, escargots, dont l’existence discrète pour l’œil humain se manifeste par ces cavités dévorées. Par mimétisme avec ces insectes, j’utilise le papier de riz pour figurer un ornement, consommant également son support pour faire image, cette fois-ci par le feu.

Une installation de dessins au charbon présente des motifs inspirés des Viewing stones (Suseok, en coréen), ces petites pierres choisies et posées sur des socles, évoquant un paysage naturel de plus grande échelle. Les caractéristiques techniques élaborées pour le choix de ces roches - nombre de trous, creux, reliefs, formes - sont ici appliquées à une sélection d’objets divers glanés aux alentours, provoquant un doute sur leur caractère naturel ou artificiel. Une série d’images réalisées à la pierre noire amplifie et documente ces interactions.

Des dessins réalisés à l’encre convoquent des visuels de radars météorologiques sur les précipitations du mois d’août dans la région. L’espace de la carte saisit le déplacement des masses nuageuses et leur intensité, cette lecture du territoire à une échelle atmosphérique, offre un motif traversant les frontières géopolitiques.

Au sein de l’exposition, cet ensemble restitue une superposition de vocabulaires, opérant ainsi des glissements de terrain entre des espaces de représentation. Un langage nourrit de l’expérience d’un lieu pluriel sur quelques kilomètres carrés. Les correspondances entre des territoires visibles et d’autres plus silencieux, reflètent un écosystème vivant où ces interfaces culturelles se superposent, se complètent et témoignent de croyances variées dans la manière d’habiter un espace.

Dessins à la poudre de charbon sur bois, 60 x 45 cm

Pyrogravure sur papier de mûrier, 90 x 60 cm

Dessins à la poudre de charbon sur bois, 60 x 45 cm

Radar dance
Encre sur papier de mûrier, 80 x 90 cm
Collection phytophage
Graphite sur bois, 70 x 50 cm

Dessins à la poudre de charbon sur bois, 15 x 20 cm (pièce)

Photos : Nicolas Desverronnières


Documentation de la résidence

Le Heyri Art Village, situé à Paju près de la frontière nord-coréenne, est une communauté d’artistes pluridisciplinaires née dans les années 1990. Pensé comme un lieu de création, d’échange et de vie, il porte une charge symbolique forte en s’implantant sur un territoire marqué par la division.

Mais Heyri est aussi traversé par un paradoxe : aux côtés des ateliers et musées, on y trouve restaurants, galeries commerciales et espaces de loisirs, brouillant les frontières entre art, consommation et tourisme. Ce contraste fait du village un lieu singulier, à la fois espace de création engagée et destination culturelle attractive.

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Vues d’atelier

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