Mickaël
Phelippeau

MÀJ . 02.11.2021

Footballeuses

Photo : Philippe Savoir

«Quand la Fédération française de football a posé aux joueuses, tous niveaux confondus, la question de savoir quels étaient les freins à leur investissement dans le football, la deuxième réponse qu’elles ont apportée était la difficulté d’exister dans un milieu d’hommes, tout de suite après le manque de temps et de disponibilité.»

Extrait de Football féminin, la femme est l’avenir du foot, de Audrey Keysers et Maguy Nestoret Ontanon, Le Bord de l’eau édition, 2012, p. 31

Il y a quelque temps, j’ai rencontré une footballeuse pour l’interroger sur sa pratique. Elle m’a dit qu’à 45 ans, après plus de 25 années d’arrêt, elle a repris le football. Elle a alors re-découvert son corps. C’est également ce que j’ai ressenti quand j’ai pris mon premier cours de danse à 18 ans. Elle m’a aussi confié qu’il est compliqué d’être une femme et de faire du football en France aujourd’hui. Ça sera notre point de départ.

Si vous écrivez “footballeuse” sur internet, le premier article qui apparaît est “Les 20 footballeuses les plus sexy en images”. Un peu plus loin, un autre article s’intitule : “Mondial : quand les footballeuses doivent prouver qu’elles sont des femmes”. Dernièrement, en écoutant une émission de radio, j’ai assisté à une polémique nourrie de propos misogynes et dégradants. Cette émission portait sur la parution du nouveau jeu vidéo de la Fédération Internationale de Football, dans lequel, pour la première fois, des femmes sont représentées.

Avec le projet Footballeuses, j’ai envie de découvrir ce qui se trame dans cette pratique collective que je ne connais pas. Ce qui suscite ici mon intérêt, c’est le lien intime que l’on peut entretenir avec ce sport, à l’instar de cette femme citée précédemment. J’ai depuis rencontré d’autres footballeuses. Leurs récits m’amènent à croiser ce qu’elles traversent, tant la joie et la force de faire groupe que ce qu’on leur renvoie, entre stéréotypes et violence.

J’ai ainsi invité 11 footballeuses à investir un plateau de théâtre pour rapporter certaines de leurs expériences et porter le poids de leur propre parole. Comment faire part de ces différents récits personnels ? Qu’est-ce qui se joue dans leurs corps ? Comment, par la scène, peut-on transcender ces expériences ? Mais aussi, quelles relations existe-t-il entre le rapport au terrain de foot et le rapport à la scène ? Que devient le maillot de foot en dehors de son contexte ? Quelle résonance a-t-il sur un plateau de théâtre ? Quels codes, quels symboles cela véhicule-t-il en dehors du terrain de foot ?

Une grande déception de mon père a été que ni mon frère ni moi n’avons jamais fait de football. C’est une manière pour moi de m’y raccrocher.

Mickaël Phelippeau

Photos : Philippe Savoir

Création en Janvier 2017 au Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée de Tremblay-en-France.

Projet chorégraphique de Mickaël Phelippeau

Collaboration artistique Marcela Santander

Interprétation Béatrice Barros, Hortense Belhôte, Bettina Blanc Penther, Lou Bory, Carolle Bosson, Valérie Gorlier, Brigitte Hamon, Olivia Mazat, Vanessa Moustache, Coraline Perrier, Juliette Tricart, Fanny Vaucelle

Création lumière Séverine Rième

Création son Eric Yvelin

Création costumes Karelle Durand

Production déléguée bi-p association

Coproduction Théâtre Brétigny, scène conventionnée, Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée Danse de Tremblay-en-France, L’échangeur - CDC Hauts-de-France

Avec le soutien du Département de Seine Saint Denis dans le cadre de « Territoire de la danse » 2016