Julie
C. Fortier

MÀJ . 19.12.2024

Je te suivrai jusqu'à la frontière de ton odeur là où la lumière se déchire un peu

2024
Vues de l'exposition à la Terrasse, espace d'art, Nanterre.
Photo : Line Francillon

En attendant la pluie, 2024
Installation en verre, dimensions variables

La migration des étoiles, 2024,
installation olfactive, clou de girofle dimensions variables. Produit avec l’appui de La Terrasse.

“Le Giroflier, dont les boutons floraux séchés sont prisés en cuisine comme en parfumerie, est originaire des îles Moluques. Depuis l’Antiquité, le clou de girofle fait l’objet d’un commerce transcontinental, donnant lieu à diverses formes
de conflits, de déplacements et d’exploitations. Ce ciel étoilé odorant, dessiné en négatif avec l’épice, raconte les routes commerciales et les migrations - choisies ou imposées - en évoquant les techniques d’orientation stellaire et de navigation astronomique employées durant des millénaires.”
Clara Muller

Cette installation de clous de girofle plantés dans le mur de manière à former une voie lacté raconte l’exode, les migrations imposées, les milliers de mains, la chaleur du soleil pour sécher les boutons de fleurs qui de vert rosé virent au noir. Une voie lactée inversée se dessine en hommage à ces milliers de personnes exhilée et exploitées, brûlées par le travail harrassant.

Ton haleine est mon horizon, 2024,
installation textile olfactive, 10 laies de soie de 146 cm de largeur x 300 cm de hauteur, suspente en bois de hêtre.
Produit avec l’appui de La Terrasse.

“Longtemps utilisés pour soulager les maux et embaumer le souffle, les clous de girofle ont aussi des vertus tinctoriales. Ici, l’artiste a voulu épuiser les possibilités offertes par l’épice grâce à des mordançages et nuançages différents, dessinant dans la soie un paysage voluptueux à traverser. Si les motifs et le format évoquent le sujet “montagne et eau” de la peinture chinoise traditionnelle, cela nous rappelle aussi que, sous les Han, les officiers de la cour devaient placer un clou de girofle dans leur bouche avant de s’adresser à l’empereur.”
Clara Muller

Les fleurs amoureuses, 2024,
Tapis en laine tufté à la main, parfum 200 x 185 X 8 cm, 3 éclairages lumière jour, lumière ultraviolette, obscurité.
Produit avec l’appui de La Terrasse.

“Le point de vue surplombant proposé sur ce lys des Incas aux dimensions exagérées nous projette dans une perspective qui semble se rapprocher de celle des pollinisateurs ailés. Par cette amplification, l’œuvre change l’échelle de notre perception, tant en termes de dimensions physiques qu’en termes de l’importance accordée à cet être vivant et à
ses interdépendances. La matérialité douce et moelleuse du tapis invite à se poser sur le corps accueillant de la fleur comme le font les insectes lorsqu’ils viennent se nourrir de son pollen ou de son nectar. Et si à la lumière du jour les couleurs nuancées de cet alstroemère dessinent déjà des motifs singuliers sur la surface tuftée, d’autres signes se révèlent à notre œil lorsque changent les conditions lumineuses : les rayonnements de la lumière noire exposent lignes et taches dont certains insectes, capables de percevoir les ultraviolets ou la lumière polarisée, se servent pour atteindre les structures reproductrices des fleurs. Au cœur de celle-ci, l’artiste a en outre ajouté un parfum de sa composition, comme pour donner une voix à ce lys muet.”
Clara Muller

Les fleurs amoureuses, 2024,
9 dessins olfactifs,44 x 54 cm encadrement en pin.
9 parfums, 3 éclairages lumière jour, lumière ultraviolette, obscurité. Produit avec l’appui de La Terrasse

“En examinant les ingrédients de sa palette de parfumeuse à la lumière noire, Julie C. Fortier a découvert que nombre d’entre eux engendraient, dans ces conditions, des perceptions colorées inattendues. C’est ainsi guidée par des proximités chromatiques entre les matières premières qu’elle a composé neuf jus dont les teintes ne se déclarent qu’en dehors du spectre solaire. Chacun de ces dessins, à approcher d’abord par le nez, s’inspire d’une fleur dépourvue de parfum mais dotée d’autres atouts. Outre la couleur – conférée au dessin par les substances odorantes tirées d’autres végétaux – la lumière noire révèle également les motifs des guides nectarifères propres à chacune des fleurs choisies. Ces derniers, parfois invisibles à nos yeux d’humains, facilitent la recherche de nectar par les insectes et prennent, selon les familles et les espèces végétales, des formes très variées : cercles concentriques, lignes radiales, points ou taches de taille et densité variables, etc. En l’absence de fragrance émanant de leur corolle, ces signes adressés par les fleurs à leurs alliés s’avèrent d’autant plus nécessaires pour le maintien de leurs relations mutualistes.”
Clara Muller

Mon reflet dans tes larmes, 2024,
installation olfactive, 4 avinés de bois de cèdre du Liban 55 cm de largeur x 200 cm de hauteur, 45 cm de largeur x 161 cm de hauteur, 45 cm de largeur x 137 cm de hauteur, 45 cm de largeur x 103 cm de hauteur, 4 parfum laques
Produit avec l’appui de La Terrasse.

“Les résines odoriférantes que certains arbres laissent couler de leurs blessures exercent une fascination de longue date sur les êtres humains qui s’attellent à les récolter grâce à la technique du gemmage. Sur ces tranches de Cèdre du Liban, des creux ovoïdes à hauteur de visage accueillent les pulvérisations régulières de parfums composés exclusivement de ces résines : épinette, sapin, pin, arbre à myrrhe, à encens, lentisque pistachier, etc. Au fil du temps, se formera à cet endroit une laque à humer dans un face à face avec l’arbre”
Clara Muller