Jean-François
Karst

27.12.2022

Tableaux Noir et Blanc

Sans titre, 2006
Peinture acrylique, mousse polyuréthane
18 x 23,5 cm

Sans titre, 2006
Peinture acrylique, mousse polyuréthane
33 x 26 cm

Sans titre, 2006
Peinture acrylique, mousse polyuréthane
21 x 26 cm

Sans titre, 2006
Peinture acrylique, mousse polyuréthane
90 x 70 cm

Sans titre, 2006
Peinture acrylique, mousse polyuréthane
18 x 23,5 cm

Avec une approche multiple qui va bien au delà du simple aspect ludique, la série de peintures en noir et blanc, moulées en mousse polyuréthane présentant des surfaces irrégulières de Jean-François Karst interroge sur la perception et l’illusion en peinture.

Au premier regard, deux questions s’imposent : est-ce de la toile ? la toile est-elle maintenue par des clous ? Les tableaux sont des objets construits qu’il façonne dans le but de les faire ressembler à des toiles sur châssis ondulant, totalement plastiques, totalement artificielles. Avec une légèreté et un humour remarquables, Jean-François Karst ne craint pas de se référer à un certain type de peinture. Les motifs vibrants de l’Opart, de Bridget Riley, de Yayoi Kusama transparaissent clairement dans l’énergie électromagnétique de la Spirale noire et blanche.

Ce qui au premier abord peut sembler une parodie des peintures à motifs géométriques du courant Marrimekko des années 60, nous amène en fait à nous interroger sur ce phénomène : comment, au fil du temps, l’image prédominante de l’« art » se transforme-t-elle en influence décorative populaire ? Tout comme les objets « design » nous entourent au quotidien. Il suffit de déambuler chez IKEA pour voir des tissus, des tapis et des rideaux avec des motifs inspirés de Miro, Sam Francis ou Gottlieb, des années 60 psychédéliques, puis des couleurs et textures minimalistes des années 70.

Jean-François Karst poursuit cette trajectoire depuis quelques années, en recherchant davantage le jeu de motifs qu’une surface sculpturale irrégulière ou surprenante, tremblante, convexe ou concave. L’illusion se trouve-t-elle dans le motif peint ou bien est-elle ancrée dans la surface ? En s’en rapprochant, la peinture semble se détacher légèrement cette surface. Jean-François Karst dit avoir pensé à Vermeer, dont les peintures incitent le spectateur à s’approcher, ou aux effets d’ombre d’Anish Kapoor, notamment dans les peintures noires dans lesquelles l’absorption de la lumière simule une profondeur comparable. Karst effectue un vrai travail sur l’artifice qui reflète en grande partie l’actuelle approximation numérique de l’image qui nous entoure.

Rose Burlingham, 2007