Jacques
Villeglé

05.02.2012

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_Né en 1926 en Bretagne, Jacques Villeglé s’installe à Paris en 1949.
Depuis lors il a produit très régulièrement des œuvres à Saint-Malo et dans plusieurs villes de Bretagne et a exposé dans de multiples lieux artistiques de la région. Il a aussi entretenu des liens et collaboré avec des artistes qui composent la scène artistique en Bretagne, tels Jean-Yves Brélivet, Marcel Dinahet, Yvan Le Bozec, Jean-Philippe Lemée, Gilles Mahé, Cyrille Mariën, Yvan Salomone, Yves Trémorin, Pascal Rivet, Hervé Le Nost, Alain Jégou.

En accord avec l’artiste, Documents d’Artistes Bretagne propose un focus sur son activité en Bretagne._

Télécharger en pdf la liste de ses expositions en Bretagne


Jacques Mahé de la Villeglé est né à Quimper, dans le Finistère, le 27 mars 1926.

A Vannes (Morbihan) où il demeure depuis 1934, il découvre, en juin 1943, l’Anthologie de la peinture en France de 1906 à nos jours (1927, éd. Montaigne, Paris) de Maurice Raynal. Jusqu’à la fin de la guerre, ce volume sera sa principale information sur la peinture contemporaine. Parmi les œuvres reproduites, en blanc et noir, une œuvre de Miro le déroute principalement par l’indétermination d’une cotonneuse tache centrale, et par la désinvolture du graphisme des plus légers. Il est frappé par la déclaration attribuée par Raynal à l’artiste catalan “Je veux assassiner la peinture”.
Il travaille alors chez un architecte. À travers une monographie et une biographie de Le Corbusier, il prend conscience que l’urbanisme est également dans une évolution qu’il ignorait totalement.

En février 1944, court séjour dans le Paris occupé, déçu par les tableaux qu’il peut voir aux vitrines des galeries. À son retour, il lit Guignol’s band de L.-F. Céline, cette lecture le change de la littérature à la Drieu La Rochelle qui faisait florès.
En septembre il s’inscrit à la section peinture de l’École des beaux-arts de Rennes.

Fin janvier 1945, il se lie avec Raymond Hains qui vient de s’inscrire à la section sculpture, tandis que lui-même passe à l’atelier d’architecture.

Avec Étapes de la peinture française contemporaine, depuis le cubisme - 1911/1944, de Bernard Dorival, il prend, malgré les réticences de l’auteur, connaissance de “l’automatisme psychique” surréaliste.

En janvier 1947, après avoir travaillé quatre mois chez un architecte de Saint-Malo, il s’inscrit à l’École des beaux-arts de Nantes.

En avril, il est admis à l’École nationale supérieure des beaux-arts (section architecture).

Durant les vacances il commence à Saint-Malo la collecte d’objets trouvés : échantillons de catalogue, fils d’acier, déchets du mur de l’Atlantique - qui, sans la moindre intervention d’un artiste, constituent indubitablement des peintures ou des sculptures. « Je me suis dit que ce fil de fer était un dessin dans l’espace sans manipulation concertée ». Cette trame de fils d’acier sera assemblée plus tard avec une autre « plus trapue, ramassée aux abords des bajoyers dynamités du port », pour constituer l’œuvre : Fils d’acier, Chaussée des Corsaires (Saint-Malo).
« Je suis incapable, dit-il, de savoir si j’avais déjà eu connaissance des fils de fer de Picasso. […] C’était la première fois que je réalisais une œuvre “finie” ajoute-t-il. Pour moi, c’était un chef-d’œuvre. D’ailleurs je l’ai montré à Hains qui a été de mon avis. »

Fils d’acier - Chaussée des Corsaires (Saint-Malo), août 1947
fils d’acier, 63 x 47 x 9 cm
Collection M.N.A.M., Centre Pompidou, Paris
Il existe une édition de cette oeuvre datant de 1997 (8 exemplaires + 4 E.A.)

Pendant l’automne, Hains et Villeglé parlent pour la première fois d’affiches lacérées à propos d’un petit morceau prélevé par le premier (…).

À Paris, en décembre, pour savoir qui est qui, qui fait quoi, qui expose qui, visite systématique, avec Hains, de l’ensemble des galeries parisiennes. En fin de parcours, ils font connaissance de Colette Allendy (1895-1962), qui dirige une galerie, 67, rue de l’Assomption à Auteuil.

1948/1949 : Nombreux aller et retour entre Nantes et Paris, en septembre fait la connaissance au Dôme du peintre et poète nantais Camille Bryen (1907- 1977) originaire du Finistère, puis, avec lui, fréquente Wols.

Arrache avec Hains, en février 1949, Ach Alma Manetro, première affiche lacérée commune.

En décembre, Villeglé abandonne ses études d’architecture à Nantes et s’installe à Paris, où il partage l’appartement de Hains. Intentionnellement - l’intention désignant au sens le plus husserlien du terme la vision - il décide de limiter sa démarche appropriative aux seules affiches lacérées.

Lorsque Hains achète une caméra 16mm, Villeglé enthousiaste, décide de s’associer aux projets de films de son ami.
Hains, aidé de Villeglé et de leur ami commun Claude Maillard, étudiant en sciences naturelles, élabore un “hypnagogoscope” (du grec “hypnos : sommeil, “agogos” : qui conduit, “skopein” : observer), un instrument destiné à l’observation et à la fixation d’images et de lettres éclatées au moyen de verres cannelés interposés entre l’objet et la prise de vues.

Diaporama d’une série de dessins réalisés entre 1950 et 1952 :

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1950/54 : il participe à la mise au point des lettres éclatées que Hains photographiait depuis 1947 au travers d’une trame de verre cannelé, et à divers films dont Pénélope et Loi du 29 juillet 1881 Sur les déchets des pellicules surexposées, avec de l’encre de Chine grasse, qui craquellera en séchant, Villeglé, suivant son habitude “ad-hociste”, fera des graffiti. Ce qui en a subsisté sera diffusé par le Centre Georges Pompidou sous le titre Paris - Saint-Brieuc, 1950-1952.