A l’occasion du colloque national L’art pour tous, les 60 ans du 1% artistique, le service culturel de l’Université de Rennes1 a invité Hervé Beurel à porter son regard singulier sur les œuvres présentes sur le campus. Il expose au Diapason le projet Répliques.

Pour rendre visible dans un même espace intérieur les œuvres choisies, il a réalisé des plans vidéo fixes sur ces objets sculpturaux immobiles. Sorte de non-sens apparent, les vidéos en boucle construisent un point de vue unique sur chaque sculpture figurée ou restituée, quand le principe même de la sculpture est au contraire de proposer des points de vue mouvants. L’image numérique dématérialisée, pure vibration, rend le temps quasi immobile et hésite entre image fixe et animée. Les moniteurs ont été choisis pour leurs caractéristiques d’objets

au design homogène, dans un souci d’unité. Il s’agit bien de considérer les images comme liées organiquement au dispositif qui nous les rend visibles. La vidéo envisagée ici comme pratique finalement très matérielle…

Les écrans sont disposés sur des socles dont les volumes sont issus directement des sculptures. Mais ici, nous avons affaire à des simulacres, des Répliques, volumes en béton travaillés au plus près des modèles. Depuis Rodin et Brancusi, la relation traditionnelle entre la sculpture et son support, entre l’art et le non-artistique donc, a singulièrement été mise à plat et réinterrogée. A son tour, l’artiste nous invite à porter un regard attentif aux matériaux des œuvres, indicateurs notamment de la limite qui se crée entre les aménagements réalisés (les bassins par exemple) et l’œuvre produite ailleurs, dans l’atelier généralement. Ces socles, ironiques présentoirs à vidéo, mettent en abîme ceux des œuvres figurées. Bruts, arides même, ils constituent une réalité tangible qui dialogue avec les images vibrantes.

L’exposition Répliques, présente dans un espace intégralement vitré, des objets et des images. Leur articulation crée des perspectives réelles sur le campus de l’Université. La scénographie vise à proposer des déambulations, métaphore des parcours vers les œuvres dans l’espace extérieur. Une incitation à aller voir au-delà des vitrages les œuvres en direct.

Philippe Dorval, Emprunts Publics (extraits), 2011