Hervé
Beurel

MÀJ . 11.09.2025

Palissade

1994, Photographie noir et blanc montée sur acier galvanisé, 8 x (125 x 170 )(hauteurs variables)
Extrait de “Réunion de chantiers”, journal édité par Art-Transit, Ateliers d’artistes de la Ville de Marseille. Juin 1994.

“Palissade” est constituée de huit photographies noir et blanc, contrecollées sur des plaques d’acier galvanisé et posées à même le sol. Cette image multiple a été conçue, de manière rigoureuse, en une succession de prises de vues d’un toit en zinc. L’origine importe peu sinon pour la mise en évidence de ce rapport au motif qu’entretient Hervé Beurel. Nous sommes là dans le domaine de la représentation. Avec les moyens de la photographie, l’artiste réalise une œuvre dont l’ambiguïté visuelle nous invite à prendre la mesure de notre regard.

“Palissade” n’est plus seulement image. Véritable élément architectural elle contribue à mesurer le lieu. Cette œuvre connaît ici une présentation différente que celle qui avait été réalisée en 1993 à la Galerie du TNB. Pour sa première apparition toutes les plaques étaient jointes, barrière continue, rythmée par la scansion des bandes verticales et l’irrégularité de la hauteur de chacune des plaques. A Marseille, la ligne était rompue en deux endroits, deux plaques se trouvant ainsi isolées à gauche et une à droite. Si à Rennes, Hervé Beurel jouait de la forte présence des colonnes de béton gris et de l’arrondi du mur, à Marseille il introduit des interruptions en écho là encore aux éléments architecturaux du lieu d’exposition, une cimaise perpendiculaire et une colonne. Lors du parcours effectué par le visiteur, grâce aux différents points de vue et aux effets de perspective, se noue cette relation entre l’œuvre et son lieu d’exposition. En effet, si l’œuvre affirme son autonomie, ses conditions d’apparition sont susceptibles d’être modifiées. Au delà de la nécessité de nommer la pratique, peinture, sculpture, installation, on peut remarquer que la mise en exposition est un élément inhérent à la constitution de l’œuvre même si elle n’est interrogée ni dans ses fondements, ni dans ses enjeux.

“Palissade” incite à une dynamique du regard mais la vision, si elle est dominante induit également une perception sensorielle plus vaste, celle du corps parcourant l’œuvre. L’unicité du point de vue est rompue par le nombre des plaques et l’espace de l’image est exploré dans le presque rien de la matière.

Claire Legrand.

Reproduction I et II, 1996
Béton cellulaire, 2 x (100 x 100 x10 cm)
Vue d’exposition, galerie du Chai, Saint-Brieuc, 1997

Ces deux blocs de béton aux motifs proéminents et géométriques ne sont pas, cette fois-ci, le résultat d’un prélèvement photographique, mais celui issu d’une tentative de reproduire en trois dimensions un décor mural observé sur la façade d’un immeuble puis de l’exposer à la manière de bas-reliefs antiques dans un musée d’archéologie.
L’installation résume à elle seule les intentions qui lient la photographie au volume, à la sculpture et à l’architecture. Comme il en est d’une reproduction, ces bas-reliefs en béton réintroduisent des notions telles que découpe, recadrage, prélèvement, emprunt.