Hervé
Beurel

MÀJ . 11.09.2025

Folia

2010, Villa Carmélie-Cité de la danse, de la musique et des arts Réhabilitation d’un ancien carmel 55, rue Pinot Duclos à Saint-Brieuc et aménagement d’un équipement culturel regroupant le conservatoire de musique et de danse de Saint-Brieuc et des associations de pratiques amateurs
Maître d’ouvrage : Ville de Saint-Brieuc
Maître d’oeuvre : Dominique Deshoulières-Agence Deshoulières et Jeanneau 86000 Poitiers
Photographie noir et blanc imprimée sur dibond, 300 x 410 cm
22 Photographies couleurs sur support adhésif, dimensions variables
Galerie nord
Galerie nord
Angle, galerie sud-est
Angle, galerie sud-ouest
Photographie noir et blanc imprimée sur dibond. 300 x 410 cm.

Mon intervention s’inscrit dans un axe qui, de la rue au jardin de l’ancien carmel, passe par le parvis, le sas d’entrée, l’espace d’accueil et le cloître. Dans ce cheminement où chaque étape possède son identité et sa fonction, j’ai privilégié l’espace d’accueil et le cloître autant pour leurs différences que pour leurs singularités à la fois visuelles et fonctionnelles. Le premier s’inscrit davantage dans le projet de restructuration et de modernisation, le second dans celui de la rénovation d’un ensemble architectural où, se substituant à la vocation religieuse initiale, s’est affirmé le caractère patrimonial.

Il m’a semblé pertinent d’introduire, entre un bâtiment traditionnel et une architecture contemporaine, une esthétique abstraite et géométrique, qui emprunte à l’Op-Art et à l’Art cinétique. Les photographies utilisées pour ce projet ont été prélevées à l’intérieur d’une chambre anéchoïque, ou chambre sourde aux parois tapissées de matériaux absorbants aux reliefs verticaux et horizontaux, servant à l’étude et à la mesure du son. Aucune intention esthétique n’a sans doute présidé à la conception de ce dispositif scientifique. Néanmoins, sa forte présence visuelle et graphique, sa dimension ornementale, sa configuration spatiale apparente celui-ci à un dispositif scénique.

Présentée dans l’espace d’accueil, la grande photographie en noir et blanc relève d’un régime d’image à valeur documentaire, elle concentre en elle ce qui va ensuite se déployer par la couleur dans l’espace du cloître. Les galeries du cloître à partir desquelles se distribuent les différents espaces de la Villa Carmélie s’ouvrent d’un côté par des arcades vitrées sur l’ancien jardin devenu terrasse. De l’autre côté, s’adossent aux murs de granit percés irrégulièrement de fenêtres désormais obturées. Ces emplacements « résiduels » sont la conséquence directe du projet de restructuration et peuvent être considérés comme des interstices entre le bâti ancien et la nouvelle configuration. C’est là, précisément, que prend place un ensemble de 22 éléments photographiques sur verre. Inscrite dans chacune des fenêtres, telle des vitraux, chaque photographie se voit en quelque sorte encadrée et prolongée par l’architecture. Les variations chromatiques des images contribuent à différencier l’atmosphère de chacune des galeries du cloître tandis que leurs variations graphiques, par les différentes orientations du motif photographié frontalement ou latéralement, rythment le parcours qu’empruntent les usagers du lieu.