Gabrielle
Manglou

10.10.2023

Archéologies rapides

2018

Pli temporel accordéon, 2018
(tissu, bois, plâtre, tessons incrustés, socle bois) 51 x 25 x 13 cm

Parallélépipèdes (béton, plâtre, incrustation de vaisselles, tessons, os, divers, petits socles bois) 22x47x15cm

Petites vaisselles (béton, plâtre, verre, scotch) hauteur : 10 cm et diamètre 5 - 12 cm
Photo : Gabrielle Manglou

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Série de photographie imprimé papier dos bleu 180 x 120 cm

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Vue de l'exposition Placebo, Cité des Arts, Saint-Denis, La Réunion, 2018
Photo : Jacques Kuyten

© Adagp, Paris

Archéologies Rapides

En 2018, au département Archéologie de la DAC OI, j’ai fait des photographies de tessons de vaisselles de Bordeaux ou de Chine, de morceaux de pipes à tabacs, de clous rouillés, de bouton de verre, et autres fragments protégés par des sacs en plastique numérotés au marqueur. Ces objets ne disent pas grand-chose. Leur agencement hasardeux me rappelle ces murs dans lesquels on insère des morceaux de verre pour éviter toute intrusion, une similitude poétique.

Par cette série Archéologie rapide, je m’attribue une sorte de terrain de jeu archéologique qui dit le plaisir de la trouvaille susceptible d’éclairer des pans d’histoire.

Archéologie rapide participe du projet Hypothèse de l’objet en creux mené depuis début 2017.


H.O.C : Peu d’objets matérialisent l’Histoire de La Réunion. L’archéologie sur l’île, en est à son balbutiement. L’histoire de la Réunion se pose en creux. Ses creux sont remplis par des espaces imaginaires dans lesquels s’engouffrent des fantasmes. Notre passé est volontairement positionné dans la lignée de telle ou telle catégorie d’êtres vivants arrivés sur l’île dans telle ou telle condition. Ces sensations impalpables définissent peu à peu notre réalité. Réalité floue, souvent rêvée.

Notre Histoire surfe sur une ligne a-chronologique et immatérielle. Nos imaginaires découlent de la complexité des juxtaposition de civilisations diverses (Afrique, Chine, Europe, Inde, Madagascar…) parfois contradictoires dans leurs logiques de pensée. Comme le dit Jean-Luc Raharimanana : «Nos mémoires sont multidirectionnelles».

Depuis mes recherches sur le naufrage de l’Utile sur l’île de Tromelin et la découverte d’instruments de cuisine ou de vaisselles fabriqués avec ingéniosité par les esclaves échoués, je suis très intriguée par la présence timide d’objets usuels du passé réunionnais : objets du quotidien, décoratifs, rituels, cultuels, divinatoires, magiques, nomades… Où sont ces objets ?

Ce qui m’importe ici, ce n’est pas de rétablir une vérité ou de remplacer mobilier, ustensiles, outils et bibelots, mais de poser la question de leur absence et de l’espace-temps dans lequel se trouve leur immatérialité. Quels seraient les frontières ou les échos entre l’immatériel, le virtuel, l’absence, l’invisible, l’inexistant, l’oubli, la négation, le fantasme, le souvenir, l’hypothèse, le secret, la projection, le mensonge, la mort, la confusion.