Texte de Arlène Berceliot Courtin
Fleur Noguera envisage le dessin comme un espace en trois dimensions et dirige volontairement son trait pour créer une rupture entre les plans. La composition conventionnelle s’efface ainsi pour faire apparaître une mise en scène basée sur une allégorie du décor. Oscillant entre le film d’animation, le film et le dessin, elle multiplie les supports alliant simplification et minutie des formes afin de questionner la représentation du paysage.
Dans ses seŕies de dessins (Meta-Jungla et Geometrical Fractures, 2010) nous retrouvons cet élément qui vient perturber la lecture conventionnelle, le trait est enfermé derrière un aspect purement géométrique, le premier plan envahit la structure, l’oeil est absorbé par cette forme agissant comme un filtre provoquant une fracture visuelle douce.
S’inspirant d’environnements issus du milieu naturel et d’archives aussi bien photographiques que cinématographiques, Fleur Noguera invente un néo-paysage figuratif accentué par une forte dimension d’anticipation.
Le titre du film Devonian Levels fait directement réfeŕence au lieu de tournage et au système géologique dévonien rattaché à l’ère primaire pendant laquelle l’Amérique du Sud connut un développement très important de sa faune et de sa flore.
À la manière d’une exploratrice, Fleur Noguera rapporte de son séjour en Argentine un exercice cinématographique composé d’une succession de plans en contreplongeé, gros plans et vues panoramiques évoquant une nouvelle géographie. Le film sous des allures d’archives offre un montage sans effets, une transition par la couleur et la lumière, une véritable logique réinventée oscillant entre science naturelle et projet d’excursion geólogique.