Fanny
Gicquel

MÀJ . 20.05.2025

Liminal

Ce workshop a été mené du 3 au 6 mars 2026 au collège Victor Segalen de Châteaugiron avec le groupe de 3ème CHAAP (Classe à Horaires Aménagés Arts Plastiques) et la classe Passerelle. Les participant·es : Ammaria, Capucine, Csongor, Elie, Enzo, Klervie, Léo, Liz, Lucas, Maëlline, Mayline, Nolan, Sebastian, Shaya et Soan
Avec le soutien du FRAC Bretagne, l’équipe éducative du collège Victor Segalen de Châteaugiron, à L’Etablissement Départemental d’Education de Formation et de Soins - EDEFS 35 et à l’entreprise Actelog.

La liminalité désigne un état transitoire, un entre-deux, une situation de seuil dans laquelle l’individu flotte dans les interstices de la structure sociale. La liminalité me semble caractériser l’adolescence : ni tout à fait adulte, mais plus tout à fait enfant. C’est un terme également présent dans le champ du handicap : le handicap, notamment invisible, place l’individu « ni en dehors de la société, ni tout à fait à l’intérieur »¹, dans une position de seuil.

Ce workshop a eu lieu avec deux classes qui se rencontrent rarement : la classe CHAAAP (à horaires aménagés arts plastiques) et la classe passerelle, composée d’enfants en situation de handicap. J’ai travaillé avec ces deux groupes séparément, avant de proposer des exercices communs. Le troisième jour, les deux classes se sont réunies dans un format mêlant recherche, expérimentation et restitution.

L’atelier s’appuie sur la relation entre le corps (mouvement, geste, déplacement) et divers objets/matériaux tels que du riz, des cerceaux, des plaques de polystyrène, de la corde ou encore du tissu. Leurs spécificités (durs, mous, modulables, poreux, etc.) permettent d’aborder les notions de limite, de liminalité, d’hospitalité et de seuil sous différentes formes.

À travers un ensemble d’exercices corporels, performatifs et sculpturaux, les élèves ont créé une performance où s’articulent marche, passage d’objets et scénettes chorégraphiées. Ces expérimentations leur ont permis d’explorer comment les objets influencent leur perception de l’espace et leur relation aux autres. L’atelier encourage l’expression corporelle, la sensibilité et la créativité, tout en tenant compte des spécificités de chaque participant·e.

La sculpture Le Témoin, que j’ai réalisée en verre, a servi d’espace réceptacle pour accueillir les émotions et pensées exprimées par les élèves, et pour établir un lien entre les deux classes. Chaque jour, nous terminions l’atelier par un court exercice d’écriture : chacun·e exprimait anonymement ses ressentis, et ces mots étaient ensuite lus à l’autre groupe.

Les objectifs pédagogiques de cet atelier sont multiples. Il s’agit d’abord d’expérimenter la relation entre le corps et l’objet, en observant comment un matériau peut structurer l’espace personnel et collectif, induire des gestes ou provoquer des interactions. À travers cette approche sensorielle et kinesthésique, les élèves sont invités à développer leur écoute de soi et des autres, en mobilisant leur corps comme un outil d’expression. Une attention particulière est portée à la façon dont les états émotionnels peuvent se relier aux qualités des matériaux utilisés : le toucher, la densité, la malléabilité deviennent autant de supports pour dire une émotion ou un ressenti. Enfin, en favorisant l’expression non verbale et la création de temps d’échange symbolique, cet atelier propose un espace d’écoute collective et de transformation partagée.

¹ https://shs.cairn.info/la-parole-des-eleves-en-situation-de-handicap—9782706143793-page-25?lang=fr

Atelier

Mots issus de la sculpture Le Témoin