(…) L’architecture de la galerie devient une composante importante du travail présenté. Comme une sorte de matrice de l’exposition, les piliers chanfreinés en béton qui portent la structure sont reproduits par des simulacres en bois disposés à la verticale du lanterneau central. Réalisés en OSB, bois sans préciosité choisi précisément pour ses qualités d’objet industrialisé, ils glissent du pilier à la sculpture, voire au totem. Condensant poétiquement l’espace, leur disposition engendre un espace de circulation périphérique, pensé par l’artiste comme rappel de l’architecture intérieure des temples indiens. Ici donc a priori peu à voir. Paradoxal pour le moins dans un lieu d’exposition ! Rien ? Pas si sûr, au moins pour qui accepte de dépasser ce constat désabusé et prend en compte de manière sensible les réalités : le paysage, bois et lac vus au travers des vitrages à claires-voies, le son diffusé en boucle, la moquette blanche et le journal d’artiste édité à l’occasion de l’exposition. Le son diffusé à faible volume résulte d’un jeu combinatoire, d’un métissage sonore à travers les continents et les univers artistiques. Durant une résidence à Buenos Aires, Benoit Laffiché a filmé dans une friche artistique le set d’un DJ, Alessandro, création musicale en direct. Sa maîtrise à accélérer les corps ou les poser dans une sorte de transe électronique construite sur le mixage de disques lui est apparue comme fascinante. En Inde, il a également filmé un pèlerinage hindou (cf. infra). Le son de ces deux vidéos a ensuite été confié à Nickolas Mohanna, musicien new-yorkais, qui les a à son tour remixées. (…)
Extrait du texte “Open Spaces” de Philippe Dorval. Rennes, avril 2011.

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