Benoît
Laffiché

30.06.2023

Cité Airform de Terme Sud

2014

Cité Airform de Terme Sud, 2014
Installation vidéo, projection vidéo et poster
Durée : 10'

Vue de l'exposition Déluge et retrait, FRAC Bretagne, 2018.

C’est le documentaire de 1953 - longtemps censuré - « Et les statues meurent aussi », réalisé par Chris Marker et Alain Resnais, sur le statut de l’art nègre et la colonisation qui m’a conduit à la construction de Cité Airform de Terme Sud. Une très courte séquence d’images d’archives montre une vue aérienne d’un quartier de Dakar, un lotissement moderne d’habitations en forme de demi-sphères, la cité ballons de Ouakam.

Les maisons ballons ont été construites en 1952 près de l’aéroport de Dakar, à quelques mètres de la base aérienne 160 de l’armée française. Elles étaient destinées aux fonctionnaires français de l’état colonial, tous travaillaient à l’aéroport : météorologues, douaniers et policiers. Elles furent rachetées par les nouveaux fonctionnaires sénégalais à l’indépendance.

La rumeur voudrait que Wallace Neff, l’architecte, se soit inspiré des cases peuls de la région du Fouta, mais la forme des logements découle uniquement d’un impératif économique, une architecture d’urgence à faibles coûts.

J’ai trouvé la cité ballons de Ouakam en 2012, dans une configuration bien différente de la vue aérienne du documentaire de 1953. L’indépendance, l’accroissement de la population de Dakar, la spéculation immobilière ont modifié le plan d’implantation originale des maisons ballons. Elles sont aujourd’hui intégrées aux nouvelles résidences, partagées ou bien détruites.

Cité Airform de Terme Sud s’intéresse aux quatre maisons ballons demeurant dans leur configuration initiale. Seule une mosquée a été construite et vient fermer le terrain sur un côté. Le film s’attache à l’architecture de Wallace Neff, à la mémoire de la colonisation inscrite dans le quotidien des habitants des maisons ballons de Ouakam, au rythme de la prière du vendredi et du bruit sourd de la base aérienne 160 de l’armée de l’air française toujours active. Une famille de trois femmes vit ici depuis l’indépendance, une mère, sa fille et une fillette.

Cité Airform de Terme Sud est projetée sur un support écran sur lequel une image d’archive des cases peuls de la région du Fouta est encollée.

Benoît Laffiché, 2012-2014

Benoît Laffiché a été lauréat du Programme Hors les Murs - 2012 de l’Institut français.
Vous pouvez télécharger le compte-rendu de sa résidence sur le site de l’Institut français.