Aurore
Bagarry

25.08.2023

GLACIERS

2012-2017
La série Glaciers a bénéficié du soutien du Centre National des Arts Plastiques (CNAP), Fonds d’aide à la photographie documentaire contemporaine en 2013 et de la Ville de Saint-Gervais-les-Bains (Culture et Patrimoine).

Ce travail, commencé en juin 2012 et achevé en juillet 2017, a pour objet la photographie des principaux glaciers du massif du Mont-Blanc. Inventaire symbolique, il présente 74 photographies et 67 glaciers. Il est accompagné d’une série réalisée en 2021 dans le massif du Chablais, reflet de l’histoire glaciaire qui a formé les Alpes.

Glacier du Tour
vu du refuge Albert 1er
Glacier du Tour
vu du refuge Albert 1er
Glacier d’Argentière
vu de la chute de séracs de Lognan : Bec Rouge supérieur, col du Passon
Glacier du Milieu
Vu de la moraine des Rognons : Le Minaret, arête Straton, aiguille d’Argentière, pointe sud, Le Casque, Le Yatagan, Le Plateau
Glacier des Améthystes
Vu du glacier d’Argentière : aiguille de l’A Neuve, pointe inférieure des Améthystes
Glacier d’Argentière
Vu du refuge d’Argentière : Les Courtes, Tour des Courtes, Les Droites
Glaciers du Nant Blanc et des Drus
Vus du Signal Forbes : arête des Grands Montets, aiguille Verte, Les Drus, aiguille du Dru
La Mer de Glace
Crevasses
Glaciers de la Charpoua et du Moine En bas : glacier du Tacul
Vus du refuge du Requin : aiguille du Moine, La Nonne, L’Évêque, arête du Moine, Le Cardinal, aiguille Verte, aiguille du Jardin, Les Droites
Glacier de Talèfre
Vu de la Pierre du Couvercle : arête du Moine, aiguille Verte, couloir Whymper, versant est des Droites, jardin de Talèfre
Glacier de Leschaux
Moraine
Glacier du Capucin, vue sur le glacier du mont Mallet (à gauche)
Vu de la moraine du glacier de Talèfre : Grandes Jorasses, col des Jorasses, aiguille, dôme et calotte de Rochefort, mont Mallet, Les Périades, aiguille du Tacul, Tour Ronde
Glaciers des Périades et de la Vierge, séracs du glacier du Géant
Vus du refuge du Requin : Les Périades, mont Mallet, Dent du Géant, La Noire, Clochers de la Noire
Glacier des Bossons
Vu du Gîte à Balmat : mont Blanc du Tacul, mont Maudit, glacier des Bossons, La Jonction
La Jonction, glaciers des Bossons et de Taconnaz
Vue du Gîte à Balmat : le Gros Béchar, glacier de Taconnaz Au premier plan à gauche: glacier des Bossons
Glacier de Taconnaz
Vu de la montagne de la Côte : dôme du Goûter, arête Payot, le Gros Béchar En bas à gauche : torrent de la Corrua
Glacier de Bionnassay
Vu du chalet de l’Are : Combe des Juments
Glacier de Miage
Vu de Plan Glacier : versant ouest des dômes de Miage
Glacier de Tré-la-Tête
Vu du Mauvais Pas : bassin du Bon Nant
Glacier du Miage
Vu du glacier du Miage
Glaciers du Miage et du Mont-Blanc
Vus du glacier du Miage Dans la brume : Aiguilles Grises et glacier du Dôme
Jonction des glaciers de Bionnassay italien et du Miage
Vu du glacier du Miage
Glacier du Mont-Blanc
Vu du glacier du Miage
Glacier du Brouillard
Vu du refuge Monzino : Aiguilles Rouges du Brouillard
Glacier du Frêney
Vu du refuge Monzino : aiguille Noire de Peuterey, pointe Gamba, col des Chasseurs, mont Rouge de Peuterey
Glacier de la Brenva
Vu de Notre-Dame de Guérison : aiguille Noire de Peuterey, torrent de la Doire de Vény
Glacier de Planpincieux
Vu de la montée vers le refuge Boccalatte : mont de Rochefort
Glacier de Triolet
Vu du bivouac Comino : aiguille de Talèfre, aiguille de Savoie, pointe des Papillons, pointe Isabelle, aiguille de Triolet
Glacier du Dolent
Vu du bivouac de la Maye: mont Grépillon, mont Dolent
Glacier de l’A Neuve
Vu de la cabane de l’A Neuve : mont Dolent
Glacier de Treutse Bô
Vu de la Verne : pointes des Essettes, Grand Darrey, Crête Sèche
Glacier des Planereuses
Vu de la Verne : Grand Darrey, Tita Neire, Grande Pointe des Planereuses
Glacier de l’Evole
Vu de la cabane de Saleina : pointe des Planereuses
Glacier de Saleina
Vu de la cabane de Saleina : aiguille d’Argentière, aiguille du Chardonnet, Grande Fourche
Glacier d’Orny
Vu de la cabane du Trient et du col d’OrnyAu fond: massif du Grand Paradis
Plateau du Trient
Vu de la cabane du Trient : aiguille du Tour
Glacier du Trient
Vu de Vesevey : Chaux de Vesevey, aiguille du Midi des Grands
Glacier des Grands
Vu des Pétoudes: aiguille du Génépi, pointe des Grands

Un pas vers la matrice (extrait)

L’œuvre d’Aurore Bagarry est emblématique d’une photographie contemporaine soucieuse de se reconnecter au monde. Loin du flux des images et de leur consommation, il s’agit ici d’expérimenter, d’engager le corps, de mesurer ce qui nous relie à la réalité du temps comme à celle des éléments.

Rien de mieux que la marche et l’ascension des reliefs ne permet de reposer la définition de la photographie elle-même : la quête lente d’un point de vue sur le monde. Ce monde, le glacier en est l’étrange messager - avec lui la noblesse des monuments rejoint aujourd’hui le charme des ruines. Résultat des changements du climat, il devient l’objet des métamorphoses plastiques de notre environnement.

Aurore Bagarry nous interroge : cette beauté encombrante d’un monde aux frontières de lui-même peut-elle nous émouvoir sans nous distraire de nos responsabilités ? Et si le défi des ascensions, l’exigence de la pratique photographique, la volonté d’utiliser les moyens analogiques de l’argentique et l’incertitude des résultats attendus formaient une sorte d’ascèse ? Comment va la beauté à l’heure des inquiétudes ? Voilà une œuvre photographique tout entière consacrée à la beauté malade, et aux moyens de nous reconnecter à la matrice de la nature.

Michel Poivert,
historien de la photographie, mars 2022

Lire le texte dans son intégralité

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Avant d’être admirée au XIXe siècle, puis domestiquée et consommée au XXe siècle, la montagne est source d’appréhension. Ainsi jusqu’au XVIIIe siècle, les “glacières” de la “Montagne Maudite”, l’actuel Mont-Blanc, ne sont guère visitées.
C’est à un inventaire photographique de ces fameux glaciers que procède Aurore Bagarry et c’est par une carte de ces flots gelés que s’ouvre son voyage. Le recours à la chambre photographique accompagne son exploration contemporaine. L’infinie qualité de détails et la totale maitrise technique des rendus de lumière et de couleur renvoie aux approches documentaires les plus exigeantes. Le style en est adopté mais les choix de points de vue, de lumière et de cadrage troublent l’impression de “déjà vu”.
Ces glaciers ne ressemblent ni à ceux, actuels, issus de la conquête sportive ni à ceux enregistrés par les glaciologues contemporains ni encore aux images ” noir et blanc ” des glaciers d’albumine, de collodion ou de gélatine qui ont pali avec le temps. La vision est revitalisée ici, via la couleur, dans la rencontre extrême et sensible entre une jeune femme photographe et des sites qui, s’ils ne sont plus considérés comme maudits, n’en restent pas moins fascinants.

Luce LEBART
Historienne de la photographie, mars 2015

Ces deux textes sont extraits du livre Glaciers, édition intégrale, éditions Hartpon, mars 2022