Quimper
2013. Treizh
Alain Le Quernec : En changeant une lettre on tombe dans l’univers breton, tant la terminaison eizh renvoie à Breizh (Bretagne). Mais ce jeu de mots translinguistique est-il jouable ? C’est le risque à courir. Graphiquement c’est pour moi l’occasion de jouer avec les rayures noires et blanches qui caractérisent le drapeau breton. Quels que soient les rassemblements de foule, politiques, sportifs ou autres, il en est toujours un que l’on repère immédiatement, tant son effet visuel ou rétinien est puissant.
Bernard Poignant : On nous l’a annoncé, 2013 sera une année difficile, l’optimisme n’est pas de mise. Alain propose l’idée de jouer sur le chiffre, en le “bretonnisant”. Cela tombe bien : en breton, le mot veut dire “passage”. Le jeu de mots n’est pas innocent, c’est l’occasion de rappeler que Quimper (ou Kemper) est une capitale culturelle bretonne. Et puis cela tombe bien aussi puisque le fest-noz vient d’entrer dans le patrimoine de l’humanité par décision de l’Unesco.
2012. Faites un vœu
Alain Le Quernec : Qui n’en ferait pas ? Le message est moins anodin qu’il paraît, car beaucoup attendent cette année d’élection présidentielle avec une impatience démocratique. Et mine de rien cette affiche est donc politique… Bernard joint à sa carte de vœux (mais pas pour tout le monde) une autre carte, Douze France, qui est l’expression de son vœu. Le vœu sera cette fois exaucé.
Bernard Poignant : Comment parler de l’élection présidentielle du printemps 2012 sans se montrer partisan, en respectant le choix de chacun et de chacune ? Comment faire un clin d’œil sans être taxé de complicité avec l’un des candidats ? “Que vos vœux soient exaucés”, me propose d’abord Alain. Ce n’est plus un slogan, c’est un message apostolique ! Difficile à retenir et à assumer. On en arrive à ces trois mots : “Faites un vœu”. Chacun fait celui qu’il veut. Mais plusieurs personnes m’ont signifié que nous devions partager le même vœu. J’ai bien compris qu’ils avaient compris !
2000. On-y-est
Alain Le Quernec: On y est. Inutile d’écrire 2000. Pour moi la magie de l’an 2000 se rattache au monde disparu de mon enfance et à toutes les fantasmagories de science-fiction lues dans les mauvaises BD de l’époque. Quand l’échéance s’est rapprochée elle avait progressivement perdu tout son mystère.
Par ailleurs je ne peux m’empêcher de penser : l’an 2000 de quoi ? du christianisme ; qu’en est-il dans les autres civilisations ? Il semble que le repère religieux se soit, par commodité, imposé au niveau mondial, mais je me dis que, si le symbole est chrétien, l’écriture des chiffres est arabe.
Bernard Poignant : On y est. L’an 2000 est un rendez-vous magique pour les uns, mystique pour d’autres, apocalyptique pour quelques-uns. On nous parle d’un bug informatique. La planète sera paralysée avec ces quatre chiffres et ces trois zéros. En même temps on se souvient des romans de science-fiction qui
calaient leur horizon sur cette année-là. C’était donc l’année de la modernité. Alors Alain me proposa de propulser la cathédrale comme une fusée vers le ciel, comme un lien entre le passé et le futur.
1999 - Les enfants de l’an 2000 se font en 99
1998. La ville enchantier
Alain Le Quernec : Comment ne pas résister à un jeu de mots facile, c’est ma faiblesse. Mais il correspond bien à la situation, annoncer avec humour qu’avec les travaux de voirie à venir, les Quimpérois ne seront pas à la fête tous les jours… Hahi, haho, nous allons au boulot ! Les petits bretons laborieux ont remplacé les sept nains de Walt Disney. Ils ont eu beaucoup de succès, ce type de dessin n’étant pourtant pas ce qui me passionne le plus…
Bernard Poignant : Préparant le thème des vœux pour 1998, Alain me demande ce que Quimper va connaître dans l’année qui vient. Je lui réponds : des travaux partout, il faut donc s’attendre à des perturbations. En même temps, les habitants n’aiment pas une ville où rien ne se passe, sans chantiers, sans ces grues qui indiquent de loin que des ouvriers sont à l’œuvre. Alors, pour devancer les récriminations inévitables, alertons la population. Il y aura des pelles et des pioches partout.
1996. La ville est belle
Alain Le Quernec : Qui dirait le contraire ? L’affiche est politique puisqu’elle annonce le projet d’aménagement de la place de la cathédrale. Enfin mon affiche des vœux a du sens et s’inscrit dans l’actualité et le particularisme de la cité quimpéroise.
BP. C’est l’expression qui vient le plus souvent : Quimper est une belle ville. Il n’empêche, j’ai entendu mille fois cette phrase, en France comme au-delà. Les équipes municipales ont donc le devoir de l’embellir encore. Au lendemain des élections municipales de juin 1995, décision est prise de rendre les places Laënnec et Saint-Corentin piétonnières. Tollé des commerçants, pétitions, Quimper allait mourir, les visiteurs fuir la ville par défaut de stationnements. Qui songerait à revenir en arrière aujourd’hui ?
Bernard Poignant : C’est l’expression qui vient le plus souvent : Quimper est une belle ville. Il n’empêche, j’ai entendu mille fois cette phrase, en France comme au-delà. Les équipes municipales ont donc le devoir de l’embellir encore. Au lendemain des élections municipales de juin 1995, décision est prise de rendre les places Laënnec et Saint-Corentin piétonnières. Tollé des commerçants, pétitions, Quimper allait mourir, les visiteurs fuir la ville par défaut de stationnements. Qui songerait à revenir en arrière aujourd’hui ?