Sylvie
Ungauer

17.11.2022

Mourir d'ennui

1998

Mourir d’ennui

Mourir d’ennui, 1998
Installation de 2 vidéos couleur de 3min 20 présentée dans 2 moniteurs face à face avec la vidéo de Carole Roussopoulos : S.CU.M. Manifesto pour l’exposition
Nous 1998, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Tours, production : Lycée de Thones/ Sylvie Ungauer

Mourir d’ennui

Au début des années 90, Sylvie Ungauer quitte la France pour s’installer en Allemagne. Les constats, échanges et réflexions nés de cette immersion culturelle nourrissent sa production artistique qui s’inscrit entre autres dans des problématiques relatives au féminisme, aux Gender Studies et à l’utilisation des nouveaux médias en art. Sylvie Ungauer développe alors un travail qui interroge le rapport au corps, l’identité masculine et féminine, le positionnement de la femme… Encouragée par un contexte artistique allemand ouvert aux formes et expressions plastiques nouvelles, elle s’approprie le médium vidéo. En 1998, elle réalise Mourir d’ennui. Cette vidéo au titre évocateur met en scène une femme (qui s’avère être l’artiste elle-même), filmée en buste, coiffée d’une perruque et d’un chapeau qui regarde un poste de télévision que l’on devine hors champ. Le profond sentiment d’ennui que semble ressentir cette femme associé aux détonations et autres déflagrations provenant du petit écran qui la font brutalement chuter, mettent en évidence une féminité agressée. Mais la lutte est engagée. La femme se relève à chaque fois sous un nouveau visage et dans un costume différent. Le choix du médium, la mise en scène de son propre corps, le recours aux accessoires et au travestissement sont autant d’éléments qui permettent à l’artiste de revendiquer de manière singulière – mais toutefois nuancée car elle admet que la condition de la femme a évolué depuis les années 70 – sa connexion avec les idées et combats féministes. Et lorsqu’elle associe à sa vidéo le film S.C.U.M Manifesto réalisé par Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig en 1976, le caractère militant de son œuvre est assurément réaffirmé.

Marie Lemeltier, 2008