Francis
Raynaud

08.12.2020

Phonème

Phonème, 2019
Eternal Gallery, Eternal Network, Tours

Les Nez, 2019,
silicone, élastiques, dimensions variables.

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Morphing, 2019
Animation numérique

Sur l’écran, on aperçoit un montage composé d’une photographie d’Edward Steichen de la sculpture en plâtre de Balzac par Rodin et une image extraite de la vidéo de Francis Raynaud reprenant la silhouette de la sculpture de Rodin.
Le photographe Edward Steichen a passé un an dans l’atelier de Rodin, inspiré par l’aspect romantique qui s’y dégageait. Il a réalisé une photographie du plâtre de Balzac, pris dans un paysage de nature abstraite dans un clair-obscur de crépuscule. Appartenant au mouvement « pictoraliste », l’image a justement quelque chose de très pittoresque, répondant à la phrase de Rodin : Mon Balzac n’est qu’un fantôme. Ce qui renvoie d’ailleurs à l’histoire de l’oeuvre qui a failli ne jamais voir le jour. Rodin aimait beaucoup cette photo, où Balzac semblait être une apparition.
C’est cet aspect qui intéresse Francis Raynaud dans l’ensemble de l’exposition, un fantôme qui apparaît. En appliquant la photographie en sur-impression avec une image extraite de la vidéo Ce Projet m’a obsédé, les deux représentations tentent de se fondre et les imperceptibles variations de transparences accentuent cette impression d’apparition.

Ce Projet m’a obsédé, 2019
Vidéo, 11 min
Images : Nikolas Chasser-Skilbeck
Montage : Marion Sarrazin.
Avec : Francis Raynaud, Émilie Cohuau & Sabine Solin de L’Écho des loges, Éric Foucault, Justine Gallou

Francis Raynaud présente une vidéo performative de son interprétation du Balzac de Rodin. Il a fait le choix de réaliser cette vidéo dans un espace domestique, dans une ambiance conviviale, mais en huis clos, à l’image d’un atelier de sculpteur. Il a convié des costumières de cinéma à le métamorphoser et c’est ce moment de transition que l’artiste a choisi de mettre en avant.
Comme une terre modelée, il prend progressivement du volume avec la superposition de couches de vêtements. Son visage évolue lui aussi avec la juxtaposition du maquillage, du masque et du nez, qui rappellent le côté exacerbé des traits d’expression de la sculpture. Les costumières sculptent également des mèches de cheveux pour retrouver le mouvement de la chevelure qu’a donné Rodin à son personnage. Elles le façonnent comme on modèlerait de la terre. Le final de la vidéo représente l’artiste (lequel ?) telle une sculpture expérimentale singeant la forme quasi abstraite du Balzac de Rodin.