Francis
Raynaud

08.12.2020

Les six faces d'un chapeau - performance

Les six faces d’un chapeau - performance Photo : Francis Raynaud - Adagp

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L’œuvre de Francis Raynaud, Objets de prestidigitation, présentée dans l’exposition Sculpter (faire à l’atelier) est une performance, « en sommeil ». Son activation par des performeurs et prestidigitateurs, s’intitule Les six faces d’un chapeau et se produit trois fois pendant l’exposition.
Faire des tours de magie, c’est quelque part faire du bricolage et de la sculpture. Cette performance crée un lien entre art, « bricologie » et prestidigitation.


Vues de l’exposition Sculpter (faire à l’atelier) à La Criée centre d’art contemporain
Photo : Marc Domage

Il y a six cubes peints en blanc. Il y a aussi des accessoires — fragments de corps, oiseaux en tissu, etc. — dont la dispersion donne au lieu un air de scène désertée. Ces cubes et ces objets inattendus prennent sens lorsqu’un un groupe de performeurs intervient, les manipule et les intègre à une gestuelle qui en révèle la destination : la prestidigitation. On découvre alors que l’intérieur de chaque cube est tantôt couvert de miroirs, tantôt percé de doubles fonds qui permettent de pratiquer une des cinq opérations élémentaires de la prestidigitation : l’apparition, la disparition, la transformation, la lévitation et la divination. Le sixième cube sert de plateau de démonstration. Les gestes des performeurs ont été précisément établis par l’artiste, Francis Raynaud. Jusqu’à présent, celui-ci s’était fait l’artiste des matières organiques, des oeuvres périssables faites de beurre, de sucre ou de vin. D’un examen de la matière, il passe au travail du geste, mais comme la cuisine, la magie est pour lui une façon de mettre la sculpture à l’épreuve du bricolage — une notion qui lui est chère et qu’il emprunte à Claude Lévi-Strauss. Ici, plutôt que de présenter des tours à un public mystifié, il propose ainsi un spectacle qui expose les trucs et décompose les subterfuges. En donnant à voir la fabrique du geste magique, Francis Raynaud se rapproche de l’art processuel qui montre le travail plutôt que de le dissimuler dans la perfection d’un objet fini.

Nina Leger